Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/553

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laires payés aux ouvriers ; mais le surplus, qui pourra être la partie la plus importante, ira fournir des dividendes à des actionnaires qui habitent l’Angleterre ou la France.

Les choses, cependant, n’en resteront pas à ce que nous venons de dire. Les producteurs de soieries, de vins, etc., ayant vendu leurs marchandises plus cher, auront davantage à dépenser : ils demanderont donc en plus grande quantité les articles qu’ils consomment, et feront monter le prix de ces articles. Ce sera comme une deuxième onde de hausse, qui sera suivie à son tour d’une série d’autres ondes, de plus en plus larges, de moins en moins élevées aussi, jusqu’à ce que le mouvement se soit pro pagé à toute l’économie, et qu’un nouvel équilibre se soit établi.

Comment donc ce deuxième équilibre se caractérisera-l-il ? Sera-t-il semblable à l’ancien, avec celle seule différence qu’une hausse des prix aura eu lieu, uniforme pour toutes les marchandises, et rigoureusement proportionnelle à l’augmentation du stock monétaire ? Il n’en sera pas tout à fait ainsi, et cela pour plusieurs raisons.

1° En premier lieu, l’augmentation du stock monétaire ne saurait aller sans modifier la distribution de la richesse. Si elle résulte de l’exploitation de mines par des particuliers, ceux-ci en profileront tout d’abord ; et ces producteurs en profiteront aussi, encore que dans une mesure moindre, dont les produits seront touchés les premiers par la hausse ; car vendant leurs produits plus cher, ils ne verront pas — pendant un temps tout au moins — ce gain annulé par le prix plus élevé qu’ils auraient à payer ce qu’ils achètent. Et si l’augmentation du stock monétaire résulte de l’émission de papier-monnaie par l’État, les effets de cette augmentation sur les prix ne se développant que progressivement, dans ce cas encore certains se trouveront enrichis. Ainsi, en fin de compte, des gens se trouveront être plus riches, cependant que d’autres — nécessairement — auront vu leur condition empirer. De là des changements dans la demande, et conséquemment dans la production, non plus temporaires comme ceux dont nous parlions tantôt, mais durables ; et ces changements empêcheront que la hausse des prix soit parfaitement uniforme.

2° Voici une deuxième considération. Ceux que l’augmentation du stock monétaire enrichit n’emploieront pas les ressources supplémentaires qui leur seront venues uniquement à accroître leur consommation ; ils feront d’une partie de ces ressources supplémentaires des emplois capitalistiques. L’augmentation du stock monétaire, par là, aura pour effet, selon toute vraisemblance, d’augmenter la quantité des capitaux, et par suite d’accentuer le caractère capitalistique de la production. Dans quelle mesure la chose se fera, voilà, à la vérité, ce qu’il est impossible de déterminer a priori. En supposant même que l’on connaisse les modifications survenues dans la distribution des richesses, il faudrait savoir ce qui, tout d’abord, sera