Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/559

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ticulier il est impossible, comme on s’en rendra compte bientôt, d’admettre que la circulation monétaire s’accélère ou se ralentisse selon la plus ou moins grande abondance de la monnaie.

2° Une autre conception, moins absurde en un sens, mais tout aussi fausse, veut que la rapidité de la circulation monétaire dépende de la rapidité de la circulation des marchandises, ou encore de la vitesse de rotation du capital. Cette théorie s’appuie sur cette proposition, assurément vraie, que toutes les fois qu’une marchandise change de possesseur, une quantité de monnaie équivalente change de possesseur également. Mais de ce que les transmissions de la monnaie sont simultanées avec celles des marchandises, il ne s’ensuit pas, comme on l’admet implicitement ici, qu’elles leur soient parallèles. Elles se font au contraire en sens inverse des transmissions de marchandises ; et ainsi il pourra très bien arriver que la circulation des marchandises et celle de la monnaie aient des rapidités très différentes.

En somme, la théorie que nous venons de dire mesure la rapidité de la circulation monétaire à l’intervalle moyen qui sépare les dépenses des recettes que ces dépenses permettent d’effectuer ; au lieu qu’en réalité — et ce n’est là qu’une proposition analytique — la rapidité de la circulation monétaire doit se mesurer au temps moyen qui sépare les recettes des dépenses que ces recettes permettront d’effectuer.

On voit sans peine, maintenant, ce qui influe sur la rapidité de la circulation monétaire : c’est la régularité ou la non-régularité des recettes et des dépenses ; c’est leur espacement plus ou moins grand ; c’est leur certitude ou leur incertitude.

1° Si un individu dépense 1.000 francs à la fin de chaque mois, et qu’il reçoive régulièrement 12.000 francs au commencement de chaque année, le temps moyen que l’argent séjourne dans sa caisse sera 6 mois ; mais si, dépensant son argent de la même façon, notre individu reçoit une année 20.000 francs et l’autre 4.000, alternativement, l’argent séjournera dans sa caisse 10 mois en moyenne.

2° Un individu touche des appointements au premier de chaque mois, et les dépense dans le courant du mois ; si au lieu de le payer mensuelle ment on le paie chaque quinzaine, la vitesse de la circulation monétaire, en ce qui le concerne, sera doublée.

3° Enfin, on conçoit qu’un commerçant qui ne sait pas au juste à quelles dates se feront ses rentrées, à quelles dates il aura à effectuer des paiements, soit obligé de garder plus d’argent par devers lui qu’un autre commerçant qui, ayant un chiffre d’affaires égal, a des échéances sûres pour ses recettes et pour ses dépenses.

De ce qui précède, il est aisé de déduire par quels moyens on pourrait modifier la rapidité de la circulation monétaire. Il y a lieu particulière-