Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/571

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’autant que, en raison de la grande complexité des phénomènes, les cas seront nécessairement rares où l’observation de la réalité permettra de saisir, comme il faut faire, l’action de tel ou tel facteur.

C’est l’influence de la quantité de la monnaie sur la valeur de celle-ci que l’expérience nous révèle le mieux. Bien entendu, on ne doit pas de mander que la valeur de la monnaie varie toujours proportionnellement à la quantité qui en circule, puisque cette quantité, encore une fois, n’est qu’un des facteurs par lesquels le pouvoir d’achat de la monnaie est déterminé. Mais il est possible, néanmoins, de constater l’influence de la quantité de la monnaie. Ou dispose pour cela, comme l’a montré Aupetit, de deux méthodes.

1° Il est dans l’histoire des moments où le stock monétaire s"est accru d’une manière particulièrement rapide. Dans ces moments, la théorie, veut, on le conçoit, que l’influence du facteur quantitatif ait été prépondérante, et elle nous permet de tenir celle des autres facteurs pour négligeable. On observera donc si la variation du stock monétaire a été suivie d’une variation de la valeur de la monnaie inversement proportionnelle, ou du moins si cette variation anormale du stock monétaire a été suivie d’une variation anormale, en sens inverse, de la valeur de la monnaie.

Cette méthode trouve une première application dans l’élude de ce qui s’est passé au XVIe siècle, à la suite de la découverte de l’Amérique et de la mise en exploitation de ses mines. Comme Jean Bodin l’affirme dans son Discours de 1568[1], ce n’est que l’afflux des métaux de l’Amérique qui peut expliquer le renchérissement de toutes choses qui se produisit dans ce siècle. Au milieu du XIXe siècle, quelque chose de semblable a lieu. La production de l’or et de l’argent passe de 376 millions en 1849-50 à 834 millions en 1851-52, 917 millions en 1853-54, et se maintient pendant les années suivantes à peu près au même niveau. Les index-numbers, ce pendant, nous montrent que l’accroissement de la production des métaux a été suivi très vile d’une baisse sensible de la valeur de la monnaie. Le tableau de Sauerbeck donne la cote 76 aux années 1851-52, et 98 aux an nées 1853-54 ; dans d’autres tableaux, les chiffres correspondants sont 92 et 116, 98, 4 et 116, 4, 75 et 82. La période qui précède et qui suit 1873 est également instructive. C’est en 1873 que la frappe libre de l’argent a été abolie dans les pays latins ; la production de l’argent a donc cessé, à ce moment, d’augmenter le stock monétaire de l’Europe ; et pour avoir une idée des variations de ce stock il faut tenir compte, jusqu’en 1873, de la production de l’or et de l’argent, après 1873, de la seule production de l’or. La production de l’or et de l’argent représente 789 millions en

  1. Voir Hauser, Controverse sur les monnaies (1566-1678), dans le Bulletin des sciences économiques et sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques, année 1905.