Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/605

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trouvera accrue : mais de ceci on ne peut tirer a priori aucune conclusion touchant le montant total des rentes agricoles.

À l’hypothèse d’un perfectionnement dans les moyens de communication et de transport il y a lieu d’assimiler celle d’une suppression ou d’un abaissement des taxes douanières qui entravent le commerce international ; en revanche, l’établissement d’un droit de douane nouveau ou l’aggravation d’un droit existant auront des effets contraires à ceux que nous venons d’indiquer.

3o L’influence des progrès de la technique agricole sur la rente des terres sera diverse, selon la nature de ces progrès. On peut distinguer, au point de vue économique, cinq sortes de progrès de la technique agricole. Les uns permettent d’obtenir plus de produit avec plus de dépense — l’accroissement du produit, bien entendu, étant supérieur à celui de la dépense —. D’autres permettent d’obtenir plus de produit avec autant de dépense. D’autres permettent d’obtenir plus de produit avec moins de dépense. Il en est qui diminuent la dépense et laissent le produit inchangé. Il en est en fin qui diminuent à la fois la dépense et le produit — mais celle-là plus que celui-ci —. Le produit et la dépense augmentent l’un et l’autre quand l’on s’avise de donner à la terre des engrais, soit pour l’empêcher de s’épuiser, soit pour l’enrichir. On augmente le produit sans augmenter la dépense quand on substitue aux variétés de plantes antérieurement cultivées des variétés meilleures. On diminue la dépense, presque toujours du moins, quand on introduit dans l’agriculture des machines : car les ma chines, si elles exigent tout d’abord de celui qui veut se les procurer une avance de fonds, si en d’autres termes elles augmentent dans l’exploitation agricole la quantité du capital fixe employé, permettent de réaliser sur la main-d’œuvre — c’est-à-dire sur le capital circulant — des économies par lesquelles l’avance première se trouve plus que compensée. Mais diminuant la dépense, les machines agricoles pourront soit augmenter le produit, soit le laisser égal à ce qu’il était, soit le diminuer : il est des machines en effet qui exécutent des travaux que l’homme ne ferait pas avec ses bras et ses outils, ou qui exécutent des travaux mieux qu’il ne ferait ; il en est qui ne travaillent ni mieux ni plus mal que l’on ferait sans elles ; et il en est enfin qui travaillent plus mal.

Supposons donc en premier lieu un progrès de la technique agricole qui réduise le produit. Les propriétaires des terres bénéficieront tout d’abord du fait que l’écart se sera accru entre les dépenses productives et le produit. Et ils bénéficieront par-dessus le marché de cette hausse dans le prix des denrées agricoles qui ne peut pas manquer de suivre la réduction de la production ; hausse qui peut même porter la valeur totale de la production agricole plus haut qu’elle n’était quand cette production était plus abondante. L’abaissement, maintenant, des dépenses productives de