Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/615

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blé ; pour les cultures d’arbustes et pour les cultures arborescentes ensuite — celle de la vigne, celle des oliviers, etc. —, quand les arbustes ou les arbres seront entrés dans la période du rapport et qu’ils ne réclameront plus que des travaux que l’on pourrait appeler d’entretien. Ce n’est guère, d’ailleurs, que là où ces conditions que nous venons de dire sont remplies que les propriétaires font exploiter leurs terres par des colons. Laissons de côté le colonat partiaire — plusieurs d’ailleurs des observations que nous allons avoir à formuler au sujet du fermage s’appliquent également à lui —, et comparons ensemble les deux régimes restants. Contre le fermage, on a représenté en premier lieu que le fermier n’était pas intéressé à augmenter le plus possible la productivité de la terre. Il ne dépensera point de capitaux pour améliorer celle-ci, s’il ne doit pas, non seulement retirer l’intérêt, mais encore amortir ces capitaux pendant la durée de son bail. Il ne se souciera pas si la manière dont il cultive la terre l’appauvrit, du moment que les conséquences de cet appauvrissement ne doivent apparaître ou devenir sérieuses que quand il l’aura abandonnée. Naturellement, c’est surtout dans les dernières années de son exploitation que ces inconvénients apparaîtront : on verra alors le fermier éviter autant que possible ces dépenses qui ne seront pas immédiatement productives, et on le verra chercher à tirer de la terre tout ce qu’elle peut donner, môme si par là il doit l’épuiser tout de suite. A celte critique que l’on adresse au fermage on en ajoute souvent une autre. Lorsque le régime du fermage est généralisé dans une région, dit-on, c’est à l’ordinaire que les propriétaires vivent loin de leurs terres. Mais cet absentéisme a des effets fâcheux. Le revenu des terres allant perpétuelle ment s’engouffrer dans les villes, les capitaux se concentrant dans celles-ci, il peut arriver qu’il n’en reste pas assez entre les mains des fermiers pour rendre la terre aussi productive que possible, et que les fermiers aient du mal à emprunter ces capitaux qui leur seraient nécessaires. De plus, l’éloi


Là où le régime du colonat partiaire est en vigueur, doit-on penser que l’exploitation des terres n’est pas poussée aussi loin, que le rendement des terres n’est pas aussi fort qu’il serait avec les autres régimes ? La théorie porterait à le croire. Mais le colon partiaire, à l’ordinaire, n’emploie presque pas de capital, et il n’emploie de travail que le sien propre et celui de sa famille : si l’on tient compte de ce fait, et si l’on considère d’autre part la forme qu’a en général la courbe du ren dement agricole, on se persuadera que cette quantité de produit que le colon n’a pas intérêt à obtenir, et qu’auraient intérêt à obtenir le fermier ou le propriétaire exploitant, est très petite. On notera, en outre, que dans l’agriculture on ne sait presque jamais d’une manière exacte ce que rendront les dépenses qu’on s’impose, et que le colon partiaire, même s’il a la possibilité de connaître son intérêt, ne prend pas la peine de déterminer celui-ci avec une précision rigoureuse : ce n’est que son caractère, soit laborieux, soit paresseux, qui le fera travailler plus ou moins, et avec une ardeur plus ou moins grande.