Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/617

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soit 45, 4 %, travaillaient en outre chez autrui comme journaliers, fermiers ou métayers, 386.533, soit 8, 7 %, étaient seulement fermiers, et 201.527, soit 4,6 %, seulement métayers. En 1892, ces chiffres devenaient 2.199.220 — 52,5 % —, 1.088.055 — 28,2 % —, 585.623 —14 % — et 220.871 — 5.3 % —.

En Allemagne, la proportion de la terre exploitée par des fermiers est de 12, 88 % en 1882 et de 12,38 % en 1895 ; le surplus est exploité presque en entier par les propriétaires eux-mêmes. En Hollande, les exploitations par fermiers représentent en 1885 40, 47 % du nombre total, et en 1895, 42, 59 %. Au Danemark, les exploitations par fermiers donnent, en 1885. 8, 89 % de la production totale, et en 1895, 7,14 %. En Belgique, la proportion de la superficie en faire-valoir n’est que de 53, 41 % en 1880, et elle tombe à 49,37 % en 1895.

Le Royaume-Uni est le pays du monde où la proportion des terres affer mées est le plus forte. Pour la Grande-Bretagne, l’étendue de ces terres était en 1890 de 27,9 millions d’acres, tandis que celle des terres exploitées par leurs propriétaires atteignait à peine 4,8 millions. Pour le royaume entier, en 1896, les terres exploitées par des fermiers représentaient 85, 8 % de la superficie cultivée.

Aux États-Unis enfin, sur 100 exploitations agricoles, 74,5 étaient dirigées par les propriétaires en 1880, 71, 6 en 1890, 64,7 seulement en 1900. La proportion, cependant, des exploitations dirigées par des fermiers s’élevait de 8 % à 10 % et a 3,1 %, et celle des exploitations données à des métayers de 17,5 % à 18,4 % et à 22,2 %.

Des chiffres cités ci-dessus, et des autres chiffres que l’on peut rassembler sur la même question, la première indication intéressante que l’on peut tirer, c’est que le colonat partiaire n’a plus dans aucun pays une très grande importance. Il est probable qu’il a été beaucoup plus répandu jadis, quand les procédés de culture étaient plus rudimentaires qu’à notre époque, lorsque, d’autre part, les rapports étaient plus intimes entre les propriétaires et ceux à qui ils confiaient leurs terres, et que les contrats étaient moins instables qu’ils ne sont devenus.

Une autre indication que nous fournit l’étude des faits, c’est que le faire-valoir, d’une manière générale, recule devant le fermage. Ce recul est très marqué en France, en Belgique, aux États-Unis. Les causes en sont certainement multiples, et parmi ces causes on se trouvera bien embarrassé pour dire laquelle a le plus d’action, si c’est la supériorité économique que l’exploitation par le fermier possède souvent sur l’exploitation en faire-va loir, si c’est le changement des mœurs, qui pousse les propriétaires à vivre de plus en plus dans les grandes villes, si c’est la hausse de la rente — là où elle s’est produite —, laquelle permet à ces propriétaires de vivre sans travailler, ou si c’est quelque autre cause. Et l’on hésitera plus encore à