Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/137

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moléculaires, on retrouve toujours le fait fondamental de l'échange. La portée de ce fait a été considérablement étendue par les recherches récentes. Ainsi, on interprète aujourd'hui les valences chimiques, qui déterminent les interactions entre atomes, comme des forces d'échange, dues à la possibilité qu'ont deux atomes voisins, dans certaines conditions, d'échanger un électron de leur couche extérieure. Un succès remarquable de ces conceptions est constitué par la découverte toute récente, dans la radiation cosmique, des particules lourdes qu'on appelle parfois électrons lourds, des deux signes dont la charge est égale à celle de l'électron, et dont la masse non encore exactement mesurée est cent à deux cents fois plus grande. L'existence de ces particules lourdes avait été en effet postulée, pour des raisons purement théoriques, par un physicien japonais, Hideki Yukawa, pour expliquer l'attraction du neutron et du proton : cette attraction, suivant le modèle de plus en plus répandu, doit être due à la possibilité qu'au-raient le neutron et le proton d'échanger une particule chargée positivement (le proton est formé par l'union du neutron et de cette particule) : par échange de celle-ci avec un neutron, celui-ci devient un proton, cependant que le proton initial devient un neutron; en fait, cet échange se poursuit constamment comme un jeu de raquette. Mais pour rendre compte de l'ordre de grandeur de l'attraction observée expérimentalement, la masse de cette particule positive