Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


L'affaire Dreyfus


C'est pendant son séjour en Angleterre[1] qu'eut lieu la première prise de position publique de Paul Langevin dans le domaine politiqué. L'affaire Dreyfus venait de prendre un tour nouveau après l'acquittement honteux du véritable coupable Esterhazy, le 11 janvier 1898. Deux jours plus tard, Zola publiait dans l'Aurore sa célèbre lettre au président de la République : J'accuse, et il était, lui aussi, condamné. A son tour Jaurès entrait dans la lutte. Son exemple entraînait de nombreux intellectuels et Charles Péguy, camarade de promotion de Langevin à l'École Normale, écrivit à celui-ci à Cambridge pour lui demander d'ajouter sa signature à une lettre de protestation dont il avait pris l'initiative. Langevin envoya aussitôt son acquiescement. La révolte que son esprit généreux éprouva devant l'acharnement de toute la réaction à accabler un innocent l'amena, quelque temps après, à donner son adhésion à la Ligue des droits de l'homme qui venait d'être créée et qui se proposait de défendre les principes de 89 et les institutions républicaines. C'est dans cette organisation qu'il mena désormais au côté d'autres savants comme Émile Borel, Jean Perrin et Jacques Hadamard, le combat pour la libération de Dreyfus et pour la révision de son procès.

  1. A sa sortie de l'École Normale, Paul Langevin bénéficia d'une bourse de la Ville de Paris qui lui permit de passer un an en Angleterre (1897-1898) et de faire la connaissance de savants éminents comme Joseph John Thomson, Ernest Rutherford et Charles Thomson Rees Wilson.