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PREMIERS COMBATS POUR LA PAIX

EINSTEIN A PARIS

LANGEVIN A BERLIN


Cependant de nouveaux périls commençaient à menacer la paix. Par haine de la démocratie, les réactionnaires français refusaient aux républicains allemands l'appui qu'ils devaient accorder si facilement à Hitler quelques années plus tard. Dans le domaine scientifique, Langevin lutte de toutes ses forces poile combattre les méfaits d'un chauvinisme qui cache sous un voile faussement patriotique les plus sordides intérêts de classe. En 1922, il réussit à faire inviter son ami, le physicien allemand Einstein, par le Collège de France, pour qu'il y expose ses dernières découvertes. Albert Einstein n'était pas seulement un grand physicien[1]. C'était aussi un démocrate sincère et courageux. Passé en Suisse en 1914, il avait refusé de s'associer à l'odieux manifeste des 93 intellectuels allemands qui s'étaient déclarés solidaires du pangermanisme et avait signé, par contre, le contre-manifeste que d'autres intellectuels allemands, plus rares, publièrent — toujours pendant la guerre — contre les excès du militarisme.

Au point de vue politique également la position d'Einstein présente des contradictions. Son pacifisme sincère et courageux qui lui valut bien souvent la haine des bellicistes américains, n'est pas exempt de certaines illusions.

Revenu à Berlin après 1918, il se trouvait eu butte, malgré son génie, à l'hostilité des nationalistes d'outre-Rhin.

  1. L'article de la Grande Encyclopédie Soviétique qui lui est consacré commence ainsi : « Einstein est le plus grand physicien de notre temps ». Il est, par contre, beaucoup plus réservé au sujet de ses conceptions philosophiques auxquelles il reproche fort justement un certain manque de « cohérence » due à l'influence de Mach.