Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/306

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chantage, notre tour viendra bientôt où les hitlériens du dehors et du dedans nous traiteront plus brutalement encore s'il est possible, comme peut nous le faire prévoir la sanglante répression de la Commune, où les moyens d'action étaient cependant bien primitifs à côté de ceux dont la violence dispose aujourd'hui. Disons-nous bien que si nos ancêtres, lointains ou proches, dont le courage a protégé les débuts et la lente évolution de notre espèce contre tous les dangers venus de la nature ou des hommes eux-mêmes, si nos ancêtres avaient procédé comme les nations dites démocratiques le font aujourd'hui, ni cette espèce, ni sa civilisation n'existeraient plus. En dehors de la vie personnelle de chacun de nous, vie personnelle infiniment précieuse puisque c'est le caractère propre et la dignité de notre espèce que de la valeur d'un seul individu peut dépendre le sort et l'avenir de tous, il est pourtant des choses qui valent d'être défendues : tout le trésor lentement accumulé au cours des siècles, trésor d'art et de science, avec un commencement, à peine plus qu'une espérance, de justice et de liberté, trésor que nous avons le devoir de transmettre, en l'augmentant par notre effort, à ceux qui nous continueront. L'étroite solidarité qui nous lie à nos ancêtres et à nos descendants implique la solidarité avec ceux qui meurent actuellement en Espagne et en Chine pour notre défense commune. De même que les premiers hommes, pour les protéger à la fois contre le froid et contre les grands