Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/335

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autres questions d'importance sociale que Jacques, sans que son travail personnel parût en souffrir, consacra beaucoup de temps à présenter dans des articles accessibles au grand public. En même temps, depuis son retour de Berlin, où il avait, en 1933, assisté à la tragique prise de possession du pouvoir par les nazis, il participa de manière active à l'action politique et à la lutte contre le fascisme, voyant avec lucidité venir la catastrophe et s'efforçant avec nous de la conjurer. Après avoir éprouvé ensemble les émotions de ces années dramatiques, la surprise du 6 février, les espoirs du Front populaire, les hontes de la non-intervention en Espagne et de la trahison de Munich, nous fûmes séparés par la mobilisation de 1939 qui incorpora Jacques, en souvenir de ses études de médecine interrompues, dans le service de santé militaire, comme gestionnaire d'un hôpital de Rouen, replié successivement à Chères, à Arromanches, puis à Agen (d'où je vis arriver successivement Hélène et lui à Toulouse où m'avait amené l'exode de mes laboratoires parisiens). Démobilisé à Agen à la fin de juillet 1940, il doit attendre un mois pour pouvoir remonter à Paris où j'étais rentré moi-même quelques semaines auparavant. Mon arrestation, le 30 octobre 1940, décida de son sort. C'est, en grande partie, pour protester contre elle qu'il entreprit avec ses compagnons de lutte et de sacrifice la publication de l'Université