Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/343

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Ce qui nous importe aujourd'hui, c'est de voir clairement comment notre quatrième République doit prolonger cette oeuvre en réalisant certaines conditions sans lesquelles les résultats acquis perdent la plus grande partie de leur efficacité. On a souligné depuis longtemps le fait que, sur le plan individuel comme sur le plan collectif, il n'y a pas de liberté politique sans liberté économique. L'ouvrier ou le paysan dont la vie matérielle dépend du bon plaisir d'un patron ou d'un gros propriétaire ne peuvent en général être considérés comme libres, même dans l'exercice de leurs droits politiques. De même une nation n'est pas libre dont les ressources sont détenues par une minorité d'individus isolés ou groupés en trusts. C'est avant tout le souci de défendre de tels intérêts particuliers qui a donné naissance au fascisme, ennemi de toutes les libertés, manifestant ainsi jusqu'à l'évidence l'étroite solidarité du politique et de l'économique. L'inconcevable faiblesse de tous les gouvernements devant les puissances d'argent est à l'origine de la terrible crise dont nous ne sommes pas encore sortis, et c'est seulement lorsqu'elles auront été mises hors d'état de nuire que nous aurons vraiment extirpé les racines du fascisme et que pourra enfin s'ouvrir pour notre espèce une ère de justice et de vraie liberté. Un autre aspect essentiel de la notion de liberté est qu'elle ne peut se concevoir au point de vue strictement individuel. La liberté de chacun est étroitement liée à celle de tous; l'homme seul, écrasé par la nécessité de pourvoir