Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/348

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Selon notre morale humaine, l'acte utile à la vie est celui qui va dans le sens d'un enrichisse-ment de celle-ci par différenciation toujours plus marquée des individus et liaison toujours plus étroite, plus consciente et plus nécessaire entre eux. D'où le double devoir de personnalité et de solidarité, la personnalité se développant par le travail dans la joie d'agir et de créer, la solidarité s'affirmant en fraternité par l'amour des hommes et l'effort de compréhension réciproque. Du fait même que depuis l'origine de la vie, nos ancêtres ont dû suivre ces règles pour survivre, se sont développées dans notre conscience, étroitement liées l'une à l'autre, la raison qui comprend et l'affectivité qui stimule. A mesure que progressait la civilisation, que s'élargissaient les groupes humains, que se multipliaient les liens entre eux, malgré les aberrations individuelles ou collectives dont nous venons d'avoir de si monstrueux exemples, la fraternité d'abord familiale comme l'indique son nom s'est étendue à la cité, à la nation et doit maintenant devenir internationale si notre espèce veut continuer à vivre. Nous y sommes aidés par le fait que la conscience profonde d'une destinée commune et de sensibilités très voisines établit, dans des conditions normales, un courant de sympathie entre deux êtres, quelles que soient leurs origines. Depuis des millénaires, toutes les fois que des intérêts ou des passions artificiellement entretenues ne les ont pas jetés les uns contre les autres, les meilleurs des hommes se sont