Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/39

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même[1] ; il demandait, contre le péril de guerre, « un grand mouvement d’opinion publique internationale » imposant le désarmement. Il combattait les projets réactionnaires de Pétain, et au même titre les bavardages de ceux qui croient possible « de conjurer des dangers réels par des mots ». Il flétrissait « le byzantinisme et l’hypocrisie ».

Dès le temps de l’agression du Japon contre la Chine, Paul Langevin condamne fermement, publiquement, — lui qui appartient pourtant aux commissions de la Société des Nations, — l’abandon de la Chine par la S. D. N., la « lâcheté » des gouvernants de Paris qui, dociles aux puissants intérêts du gros négoce français du riz, refusent d’appliquer des sanctions économiques au Japon, la politique égoïste et myope des États-Unis. Il montre aux « pacifistes », par l’exemple de la Chine aux prises, malgré elle, avec l’agresseur, qu’il y a des guerres injustes, des cas où « la résistance brutale à la brutalité » est sainte, donc d’insurmontables difficultés et un vice radical dans les théories du « désarmement moral ». Bientôt il combattra, avec un magnifique cou-rage, dans le sein du Comité de Vigilance des intellectuels antifascistes, les futurs collaborateurs comme ce Félicien Challaye qui n’allait pas craindre, sous l’occupation, de justifier jusqu’à l’antisémitisme dans les réimpressions de ses manuels scolaires.



Dès sa jeunesse, Paul Langevin avait été préoccupé par le problème de ce qu’il appelait les rapports de la justice et de la science, terminologie idéaliste empruntée au courant d’opinions et de passions qu’avait suscité l’affaire Dreyfus, — cette première étape de son propre combat politique et social, — mais par laquelle il ne veut, au vrai, signifier, surtout dans la dernière période, rien d’autre que l’application des

  1. Lettre, en date du 15 mai 1933, du « Syndicat national des fabricants d’appareils de protection contre les gaz et des industries qui s’y rattachent ».