Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/95

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Jacques Solomon n'avait pas encore vingt ans. Remarquablement doué au point de vue intellectuel, il joignait à un esprit curieux aux tendances encyclopédiques la scrupuleuse honnêteté des hommes de science. Sous l'influence de Paul Langevin, il abandonne ses études de médecine pour passer, peu après, une thèse très brillante qui le classa immédiatement parmi les meilleurs physiciens contemporains. Ainsi s'établit entre le gendre et le beau-père une véritable communauté de pensée qui s'étendit bien vite au delà des horizons propres de la science. Ce fut encore Paul Langevin qui éveilla chez le jeune homme l'intérêt pour les grands problèmes politiques et sociaux. Mais alors que l'illustre physicien, qui avait dû subir tour à tour dans sa jeunesse, le sectarisme puéril des positivistes et l'idéalisme confus et verbeux des bergsoniens, éprouvait une grande défiance à l'égard de tout système philosophique, Jacques Solomon s'attaquait à la lecture des classiques du marxisme et découvrait bientôt la valeur révolutionnaire de l'apport du matérialisme dialectique dans les sciences de la nature... Et le marxisme devint ainsi l'un des thèmes principaux des discussions passionnées des deux hommes de science. Jacques Solomon se rapprochait en même temps du parti communiste auquel il devait adhérer en 1934, au retour d'un voyage en Allemagne où il avait pu prendre connaissance de la riche littérature théorique du parti communiste allemand, et où il avait, peu après, assisté à la prise du pouvoir par Hitler. Quelques temps plus tard, sa femme et l'une de ses belles-soeurs, Mme Luce Langevin, entraient à leur tour au parti. Ainsi se nouaient entre l'illustre savant et le grand parti marxiste français des liens à la fois intellectuels et sentimentaux qui se resserrèrent davantage, dans les années qui suivirent, par l'amitié de nombreux militants, comme Georges Cogniot ou Georges Politzer, et plus encore par des contacts personnels avec Maurice Thorez et d'autres dirigeants. C'est donc sous une influence croissante du marxisme que se placeront désormais les travaux de philosophie scientifique de Paul Langevin, et aussi, comme nous le verrons plus loin, toute son activité politique.


LE DEVELOPPEMENT DES SCIENCES PHYSIQUES PAR CONTRADICTIONS ET SYNTHESES SUCCESSIVES