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Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/416

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rayonnement libre ne peut se déplacer qu’avec la vitesse V.


24. La pesanteur de la lumière. — L’énergie contenue dans la matière est pesante en même temps qu’inerte ; doit-on considérer qu’il en est de même pour l’énergie rayonnante se propageant librement ; doit-on considérer que les ondes lumineuses ou électromagnétiques sont sensibles à l’action d’un champ de gravitation, comme le serait une masse équivalente au sein de la matière ? Il est bien vraisemblable que nous devons répondre par l’affirmative, que les rayons lumineux sont déviés au voisinage de la matière en vertu de la gravitation, et que la loi d’attraction universelle de Newton affirmerait au fond l’attraction de l’énergie pour l’énergie. C’est la conclusion à laquelle aboutit M. Einstein : il a pu calculer la réfraction qui résulterait, pour la lumière venant d’une étoile vue dans une direction voisine de celle du soleil, de sa propagation dans le champ de gravitation produit par celui-ci. La vérification n’est peut-être pas impossible à tenter.

Voilà bien des problèmes dont la solution est sans doute prochaine. On ne peut qu’admirer le singulier détour par lequel la théorie des ondes lumineuses, si nettement opposée autrefois à la théorie newtonienne de l’émission, se trouve amenée après sa conjonction avec l’électromagnétisme, à conclure que le rayonnement est inerte et pesant et possède tous les attributs par lesquels autrefois on distinguait la matière. Nous sommes cependant