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Le vin « Joffre » 1914.

On nous dit que les vignerons de l’Anjou avaient surnommé le vin de 1914 vin de la Victoire.

Plus louable encore fut l’intention d’autres vignerons — ils font également un vin blanc sec et parfumé, point à dédaigner — qui baptisèrent le vin de l’année dès les premiers jours d’octobre.

Il s’agit des vignerons du canton de Vaud. Les croupes de leurs montagnes sont orientées face au Midi. À leur pied, Montreux, Clarens, Villeneuve, que fréquentent Anglais et Russes, sont réchauffés l’hiver par le soleil, et Vevey, grand marché des vins du pays, célébré tous les ans une fête des vignerons. Nous demanderons un jour au chevalier Fata de nous parler de ces caves. Il n’en est pas de plus originales.

Or, les vignerons vaudois donnent chaque année un nom à leur vin, un nom local à l’ordinaire. Mais, lorsque de grands événements agitent le monde, le nom prend l’envergure des événements.

En 1914, dès les premières vendanges, le vin se montra parfumé et moelleux. Les vignerons vaudois le nommèrent le Joffre.

Nous humerons le Joffre, il nous tiendra en joie.

« Notre Joffre » arrêté comme espion.

Rappelons cette amusante mésaventure qui lui arriva jadis et que racontait naguère l’Illustration. Un jour que le capitaine Joffre, revenu à son cher Roussillon natal, avait remonté la vallée du Tech jusqu’à la pittoresque petite cité de Prats-de-Mollo et examiné, avec l’intérêt du sapeur, le fortin construit par Vauban, le gardien de batterie arrêta comme suspect d’espionnage