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anecdotes pathétiques et plaisantes

Il s’agenouille et, puisant dans le sac, il lance ses grenades dans le tas des assaillants.

À son appel, trois autres blessés se redressent. Deux, qui ont la jambe brisée, prennent un fusil et, ouvrant le magasin, commencent un feu rapide dont chaque coup porte. Le troisième, dont le bras gauche pend inerte, arrache de sa main droite une baïonnette.

Quand je me relève, revenu à moi tout à fait, du groupe ennemi la moitié environ est abattue, l’autre moitié s’est repliée en désordre.

Il ne reste plus, adossé au barrage et protégé par un bouclier de fer, qu’un sous-officier énorme, suant, congestionné de rage, qui, fort bravement, ma foi, tire dans notre direction des coups de revolver.

L’homme qui, le premier, a organisé la défense, le héros du « Debout, les morts ! » reçoit un coup en pleine mâchoire. Il s’abat…

Tout à coup, celui qui tient la baïonnette et qui depuis quelques instants rampait de cadavre à cadavre, se dresse à quatre pas du barrage, essuie deux balles qui ne l’atteignent pas et plonge son arme dans la gorge de l’Allemand.

La position était sauvée. Le mot sublime avait ressuscité les morts.


Ne tirez donc pas sur le même.

Un membre de la Société française de La Chaux-de-Fonds a reçu, d’un soldat blessé en traitement à Besançon, une lettre dont le National suisse détache cet épisode :

Au cours d’un combat où j’ai été blessé, un de mes camarades reçoit tout d’abord une balle dans la jambe et il s’écrie en riant :

— Trop bas !

Après un rapide pansement il se remet à tirer ; aussitôt une seconde balle l’atteint à la main légèrement.

— Trop haut ! s’écrie-t-il encore.