Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/41

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rouna avait commencé. La première création fut celle de Brahmâ, quand il jugea qu’il était temps de procéder à son sacrifice, et que, souverain aïeul du monde, il forma lui-même dans sa pensée et enfanta les sept Brahmarchis.

Ô fils de Bharata, par suite de l’inimitié qui s’était établie entre les Dévas et les Dânavas[1], Diti voyait périr tous ses enfants. Elle se plaignit à Casyapa, qui, touché de sa douleur, tâcha de la consoler, et lui donna le choix d’une faveur (vara). « Je veux, dit-elle, un fils puissant, qui soit un jour le vainqueur d’Indra. » Le saint patriarche, fils de Marîtchi, lui accorda le don qu’elle demandait, et ajouta aussitôt : « Oui, tel sera ton fils, puisque tu veux être mère : il sera le vainqueur d’Indra, si tu peux, durant cent automnes qu’il restera dans ton sein, te conserver toi-même pure de toute souillure, et suivre fidèlement les règles de la dévotion. » « J’y consens, » dit la déesse au vertueux pénitent. Épouse heureuse et sainte, dans les embrassements de Casyapa, elle conçut un fils. Après avoir déposé dans son sein un germe fécond, d’où devait sortir un ordre de dieux forts et puissants et que les autres immortels ne sauraient détruire, le Mouni se rendit à la montagne pour y suivre les exercices de la pénitence. Cependant le vainqueur de Pâca[2] vint visiter Diti ; il voyait que le terme des cent automnes allait expirer. Par malheur Diti, avant de se mettre au lit, oublia l’ablution des pieds. Indra profita de son sommeil pour se glisser dans son sein, armé de sa foudre, et y coupa son fruit en sept parties. Le fœtus, taillé par la foudre, gémissait. « Ne gémis pas (mâ rodîh), lui disait de temps en temps Sacra[3]. Cependant le terrible Indra, assurant sa vengeance, coupa encore en sept parties chacun des sept premiers fragments. Ô fils de Bharata, ce sont là les dieux qu’on a appelés Marouts[4] ; ils étaient au nombre de quarante-neuf,

    dit qu’il sacrifie : car l’action par laquelle on s’acquitte de son devoir est un sacrifice. Varouna est le régent de l’ouest : le poëte veut-il par ces mots, sacrifice de Varouna, désigner une position des corps célestes pour déterminer une époque ? Je ne saurais l’affirmer. Je crois plutôt que Varouna étant aussi un des Âdityas, on fait ici allusion au mois de l’année auquel il préside. Voyez lecture x.

  1. On remarquera que le mot Dânava est ici général et comprend l’idée de Dêtya : dans d’autres circonstances, ce sera réciproque.
  2. Surnom du dieu Indra, vainqueur d’un géant de ce nom.
  3. Autre nom du dieu Indra.
  4. Marout (au pluriel Maroutas) est le dieu du vent, appelé aussi Vâyou, Anila, Pavana. Il naquit avec quarante-neuf formes, parce que l’aire des vents indienne a quarante-neuf divisions. Voilà encore un de ces contes allégo-