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CENT-VINGT-DEUXIÈME LECTURE

« Épouse vertueuse, cette fleur vous sied à merveille, et elle reçoit de vous un ornement nouveau. C’est vous qui venez de lui donner du prix, vous que la nature a douée de si heureuses qualités, vous qui faites la félicité de votre époux. Cette fleur conserve sa fraîcheur durant toute l’année ; quel que soit le parfum que vous désiriez, quelle que soit l’exhalaison, chaude ou froide, que vous souhaitiez, cette même fleur satisfera tous vos goûts : elle renferme toutes les saveurs, toutes les odeurs, et procure le bonheur que l’on demande. Est-il un parfum de fleur que vous préfériez, cette fleur de Pâridjâta vous le donnera. Bien plus, source de bonheur et de gloire, ô pieuse princesse, elle est encore un gage de vertu : intelligente et raisonnable, elle perd son éclat avec l’impie, et le conserve avec la personne attachée à son devoir. À votre gré, elle vous présentera la couleur que vous aimerez, légère ou foncée ; fidèle à retenir la douce essence du parfum que vous aurez choisi, elle vous servira encore de flambeau pendant la nuit. Vous n’aurez qu’à penser, et aussitôt par la vertu de cette fleur, qui saura s’étendre et se multiplier, vous aurez des guirlandes, des couronnes, des festons, des parterres[1] entiers. Cette fleur remédie à la faim, à la soif, à la maladie, à la vieillesse, et vous pouvez, en la portant, ressentir sa puissance. Ce n’est pas seulement l’œil ou l’odorat qu’elle charmera ; pour le plaisir de l’oreille, elle vous procurera les chants et les concerts les plus doux et les plus variés que vous puissiez imaginer. Mais au bout de l’an, cette fleur disparaîtra et retour nera vers son arbre. Telles sont, ô princesse, les qualités du Pâridjâta créé pour les dieux seuls. La pieuse Oumâ[2], fille de l’Himâlaya et amante de Siva, est toujours parée de ces fleurs, ainsi qu’Aditi, la fille de Pouloman[3] environnée de la cour du grand Indra, Sâvitrî[4] la mère des dieux, Srî[5], modèle de perfection, les autres épouses des dieux, les dieux eux-

  1. J’ai rendu ainsi le mot मण्डप mandapa, qui présente plutôt l’idée du mot français reposoir. C’est un édifice temporaire, une salle ornée de fleurs à l’occasion de certaines fêtes, par exemple, pour un mariage, etc.
  2. Autrement appelée Pâruvatî ou Dourgâ.
  3. C’est Satchî, épouse d’Indra.
  4. La Sâvitrî est une prière que le Brahmane doit réciter chaque jour. On la personnifie, et on la regarde alors comme femme de Brahmâ, de la même manière que la Swadhâ, nourriture offerte aux mânes, est représentée comme l’épouse du dieu du feu. Sâvitrî est non-seulement la mère des dieux, mais encore celle des castes indiennes, parce que leur régénération par l’investiture du cordon est due à la vertu de cette prière.
  5. Nom de Lakchmî, épouse de Vichnou.