Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/138

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la plus digne de foi de sa biographie, présente des bizarreries et du désordre. C’est une collection d’histoires, d’exhortations, de lois, etc., placées l’une à côté de l’autre sans qu’on ait suivi l’ordre chronologique ni aucun autre.

Mahomet appelait toute révélation formant un ensemble sourate ou Koran. Le premier de ces deux mots est hébreu et veut dire proprement une série de pierres dans un mur, et, de là, la ligne d’une lettre ou d’un livre ; dans le Koran, tel que nous le possédons, il a le sens beaucoup plus large de chapitre. Le mot koran est à proprement parler un infinitif qui signifie lire, réciter, exposer ; cette dénomination est également empruntée aux Juifs qui emploient le verbe karâ (lire) dans le sens surtout d’étudier l’Écriture Sainte ; mais Mahomet lui-même entendait sous le nom de Koran, non seulement chaque révélation à part, mais aussi la réunion de plusieurs ou même de toutes.

Il n’existait toutefois point, du temps de Mahomet, de collection complète des textes du Koran ; et si les trois premiers califes avaient été moins soigneux sous ce rapport, il aurait couru grand danger d’être oublié. Les premiers qui en rassemblèrent les différents passages furent le calife Abou-Bekr et son ami Omar. En effet, quand, dans la onzième ou la douzième année de l’hégire, le faux prophète Mosaïlima eut été vaincu, on s’aperçut que beaucoup de personnes qui connaissaient par cœur d’assez longs fragments du Koran avaient perdu la vie dans la bataille qui décida de la lutte ; aussi Omar se prit-il à craindre que les gens qui savaient le Koran ne vinssent bientôt à disparaître ; c’est pourquoi il donna au calife le conseil de rassembler les fragments épars.

Après avoir hésité quelque temps, parce que le prophète n’avait pas donné pouvoir d’entreprendre une œuvre aussi importante, Abou-Bekr accepta la proposition et chargea de ce travail le jeune Zaïd ibn-Thabit, qui avait été secrétaire de Mahomet. Zaïd n’avait pas trop envie de le faire, car, pour nous servir de ses propres paroles, il eût été plus facile de déplacer une montagne que d’accomplir cette tâche. Il finit toutefois par obéir, et, sous la direction d’Omar, il rassembla les fragments qui se trouvaient en partie consignés sur des bandelettes de papier ou