Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sièrent. Mahomet se vit forcé, en conséquence, de faire dire à Dieu (Koran 17, ℣ 62) : « La vision que je t’ai fait voir n’a eu d’autre but que d’éprouver les hommes. »

Ce n’avait donc été qu’un rêve ; mais quelques années après, quand la foi se fut affermie, Mahomet en revint à son idée première et raconta aux siens des détails nouveaux sur son voyage nocturne. Monté sur le cheval ailé Borâk, il avait été transporté par Gabriel au temple de Jérusalem ; là il avait été salué par les anciens prophètes, qui s’étaient réunis pour le recevoir. De Jérusalem il s’était rendu au ciel et était enfin arrivé en présence du Créateur, qui lui donna l’ordre d’imposer à ses partisans de prier cinq fois par jour. L’imagination a, dans la suite, orné ce récit de couleurs brillantes ; mais il y a encore controverse parmi les musulmans sur le point de savoir s’il faut prendre l’événement comme une vision (ainsi que l’indique le Koran) ou comme un voyage réel ou corporel.

En général, la biographie du prophète est ornée d’un très grand nombre de légendes, revêtues maintes fois de tout l’éclat de la poésie. Par là, sans doute, la vérité historique est devenue méconnaissable dans les versions les plus récentes, surtout en ce qui concerne la jeunesse de Mahomet et son séjour à la Mecque. Mais les biographies les plus anciennes n’ont pas si bien ajouté le merveilleux qu’on ne puisse d’ordinaire avec un peu de tact critique distinguer la vérité de la fiction. Mahomet n’est jamais devenu un être surnaturel ou mythique.

D’après R. DOZY, Essai sur l’histoire de l’Islamisme, trad. du hollandais par V. Chauvin, Leyde-Paris, 1879, in-8º, passim.