Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

me mettre en opposition avec celui qui est le portier du ciel. Je veux, au contraire, obéir en toutes choses à ce qui a été par lui établi, de peur que, lorsque je me présenterai aux portes du royaume des cieux, celui qui en tient les clefs ne me tourne le dos et qu’il n’y ait personne pour m’ouvrir. » A cela, il n’y avait rien à répondre, et l’assemblée prononça en faveur des catholiques.

Depuis, l’Église bretonne ne fit plus que décliner, et Rome, poursuivant ses succès, organisa la conquête. Il fallait enlever à l’ennemi sa dernière arme, qui était la science, toujours honorée dans les monastères bretons. Le pape envoya en Angleterre, pour y occuper le siège archiépiscopal de Cantorbéry, un savant et habile homme, Théodore, accompagné d’un abbé du nom d’Hadrien. Le premier était né à Tarse, en Cilicie ; le second arrivait du monastère de Nisida, en Thessalie. En quelques années, ils accomplirent une œuvre considérable. Ils détruisirent dans les sept royaumes les derniers restes du paganisme. Ils instituèrent de nouveaux évêchés, organisèrent les deux provinces ecclésiastiques d’York et de Cantorbéry, établirent l’autorité du métropolitain et marquèrent le rang des évêques dans chacune d’elles. Des conciles furent régulièrement tenus. Dans son diocèse bien délimité, l’évêque fut le chef de son clergé : nul ne pouvait faire fonction sacerdotale qui n’eût été autorisé par lui. Aucun prêtre ne pouvait quitter sa paroisse, aucun moine son monastère. Chacun reçut sa place et connut exactement les devoirs de son office. Au libre laisser-aller de l’Église bretonne succéda une ordonnance rigoureuse. Pour instruire le clergé, des écoles furent fondées. L’enseignement y était si bien donné que les écoliers apprirent à parler le grec et le latin comme leur langue maternelle. On y pratiqua l’art de l’écriture ; de beaux manuscrits y furent copiés en lettres d’or sur parchemin de couleur[1]. Les Bretons étaient égalés ; ailleurs ils étaient dépassés, car les

  1. [Les scribes et miniaturistes anglo-saxons, instruits à l’école des Celtes de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, exercèrent une influence considérable sur la réforme de l’écriture et de l’ornementation de l’écriture en Occident, sous Charlemagne. Voyez, ci-dessous, chapitre VI, § 4, « Manuscrits Carolingiens ».]