Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/198

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l’art antique l’emporte. L’art anglo-saxon a fourni cependant une partie des dessins d’encadrement et des lettres ornées, dont beaucoup sont cerclées de ces lignes ou de ces points rouges, affectionnés des scribes d’outre-Manche. C’est dans ce manuscrit que figure le célèbre portrait de l’empereur Lothaire, si souvent reproduit.

Un moine de Marmoutier, Adalbaldus, qui vivait au milieu du IXe siècle, est l’auteur de plusieurs volumes également remarquables. Citons seulement le célèbre Sacramentaire d’Autun, exécuté sous l’abbatiat de Ragenarius (vers 845). On y remarque des bandes pourprées chargées d’ornements ou de lettres capitales, des encadrements à entrelacs, des bustes à l’antique, les signes du zodiaque, des camées, des médailles. M. Delisle, grâce à une comparaison attentive, a montré que les mêmes motifs ornementaux se retrouvent dans ce beau volume, dans la grande Bible du comte Vivien et dans celle de Glanfeuil[1].

Une école voisine de Paris, celle d’Orléans, créée et organisée par le poète-évêque Théodulfe, s’est également illustrée par des travaux de haute valeur à tous égards. C’est là, semble-t-il, qu’a été achevée la revision des Livres saints, entreprise par l’école du palais, et nous avons deux manuscrits frères sortis des ateliers de cette école. L’un est aujourd’hui à Paris, l’autre, tellement semblable au premier qu’on dirait deux exemplaires d’un même ouvrage imprimé, appartient à l’évêché du Puy. Dans ces volumes, écrits soit à Orléans même, soit à Saint-Benoît-sur-Loire, on a tenu avant tout à employer une écriture élégante et d’une grande finesse ; pour l’ornementation, le scribe s’est contenté de quelques feuillets de pourpre avec lettres d’or (le psautier et les évangiles sont en argent sur pourpre), de grands cadres avec colonnes pour l’ordo librorum et les canons des évangiles, enfin de belles initiales, fort sobres d’ailleurs. Tels qu’ils sont, ces deux volumes sont dignes d’un roi, et font le plus grand honneur à la science et au bon goût des disciples de Théodulfe[2]….

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  1. [Sur Adalbald et l’école de Tours, S. Berger, op. cit., p. 243 et s.].
  2. [Sur la Bible de Théodulfe, S. Berger, op. cit., p. 145 et s.].