conque pouvait entrer dans la caste des privilégiés pourvu qu’il eût un cheval valant au moins quarante marcs, une armure complète et qu’il justifiât d’une fortune suffisante pour satisfaire à cette charge. En France même la chevalerie n’a jamais constitué une caste absolument fermée. Sans doute, l’aptitude personnelle à être chevalier était caractéristique de la noblesse ; cependant en principe, tout chevalier pouvait créer un chevalier ; dans certains pays, dans le midi de la France particulièrement, on passait assez facilement de la roture à la chevalerie, et les exemples de vilains armés chevaliers sont assez nombreux dans l’histoire. Plus tard, au XIIIe siècle, les rois de France prétendirent défendre à leurs vassaux, et même aux grands feudataires, de conférer la chevalerie à des non nobles, mais ils n’y réussirent jamais complètement. Par contre il était d’usage que tous les nobles devinssent chevaliers ; des ordonnances royales du XIIIe siècle convertirent même cet usage en loi positive et y donnèrent une sanction en punissant d’amende les écuyers nobles qui n’avaient pas reçu la chevalerie à vingt-quatre ans accomplis.
[Illustration : Un chevalier du XIe siècle, d’après la tapisserie de Bayeux.]