Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/27

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de la pensée qu’on pût lui faire honneur en le traitant de Romanus, et disait aux Grecs : Quos (Romanos) nos, Langobardi scilicet, Saxones, Franci, Lotharingi, Bagoarii, Sueri, Burgundiones, tanto dedignamur, ut inimico nostro commoti nil aliud contumeliarum nisi : Romane ! dicamus, hoc solo nomine quidquid ignobilitatis, quidquid timiditatis, quidquid avaritiæ, quidquid luxuriæ, quidquid mendacii, imo quidquid vitiorum est comprehendentes. Comment ne pas remarquer qu’au bout de dix siècles des appréciations presque semblables sur le « wælschen Lug und Trug », sur la « wælsche Sittenlosigkeit », sur la « tiefe moralische Versunkenheit der romanischen Vœlker » se font encore entendre en allemand ?

Le nom de Romani ne se maintint pas au delà des temps carolingiens. La fusion des conquérants germaniques avec les Romains, l’adoption par eux, en Espagne, en France, en Italie, de la langue des vaincus, fit disparaître de l’ancien empire d’Occident une distinction aussi générale, remplacée par les noms spéciaux des nations qui se formèrent des débris de l’empire de Charlemagne. Il y eut bientôt, non plus des Romains en opposition avec un certain nombre de tribus conquérantes, mais au contraire une nation allemande renfermée dans les limites agrandies de l’ancienne Germanie, et qui, tout en restant divisée en tribus, prit conscience d’elle-même sous le nom de Tiedesc, et fut appelée par ses voisins de noms divers, mais également collectifs, — et, à côté, des Lombards, des Français, des Provençaux, des Flamands, etc. Le nom de Romani se maintint cependant dans deux cas, où les peuples qui l’avaient partagé avec les habitants de tout l’empire ne se trouvèrent englobés dans aucune nationalité nouvelle et conservèrent, pour se distinguer des Barbares qui les entouraient, l’ancienne appellation dont ils étaient fiers. Les Allemands, fidèles de leur côté à la tradition antérieure, appelèrent ces peuples du nom de Walahen, Welches, et ce nom leur est resté jusqu’à nos jours.

Ces deux cas se présentent dans les pays où la population romane, par suite de circonstances particulières, vit dans une sorte d’île au milieu d’autres races. Tout le monde connaît maintenant l’existence de la langue si intéressante qui se parle