Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/284

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de la prise de Constantinople, et qui venaient demander leur part des dépouilles de la ville impériale. Deux ans après (sept. 1207) est signalée l’arrivée des renforts amenés jusqu’à Bari par Nivelon de Cherisy ; ce furent de nouvelles convoitises à satisfaire ; enfin, pendant tout le règne de Henri, il paraît y avoir eu entre l’Occident et Constantinople un mouvement non interrompu de gens d’armes qui venaient chercher aventure en Romanie et ne s’en retournaient jamais les mains vides. Nous voyons ainsi Dalmase de Sercey et Ponce de Bussière passer un hiver entier à combiner le vol du chef de saint Clément. Comment d’ailleurs expliquer autrement que par des soustractions frauduleuses le fait que de petits chevaliers portant à peine bannière, comme Henri d’Ulmen, aient pu obtenir des trésors tels (à parler seulement de leur valeur intrinsèque) que ceux dont ce seigneur des environs de Trèves a enrichi toute la Basse-Lorraine[1] ?

D’après M. le comte RIANT, Des dépouilles religieuses enlevées à Constantinople au XIIIe siècle, dans les Mémoires de la Société des antiquaires de France, 4e série, t. VI (1875)[2].

  1. Nous citerons, parmi les reliques apportées de Constantinople après 1204, qui sont encore aujourd’hui conservées en Occident : la vraie croix d’Hélène, la Quadrige, les pierreries de la Pala d’Oro, à Venise ; les reliques insignes du Bucoléon, à la Sainte-Chapelle de Paris ; des phylactères à la cathédrale de Lyon, à Saint-Pierre de Lille, à Notre-Dame de Courtrai, à Floreffes ; le saint Mors, à Carpentras ; les reliquaires du Paraclet, à Amiens ; une croix d’or, à Saint-Étienne de Troyes ; le doigt de saint Jean-Baptiste, à Valenciennes ; la Siegeskreuz de Nassau, à Limbourg (don d’Henri d’Ulmen à l’église de Steuben), etc. — Cf. Rohaut de Fleury, Mémoire sur les instruments de la Passion, Paris, 1870, in-4º.
  2. [M. P. Riant a consacré deux volumes à l’histoire de la translation et des destinées des objets apportés de Constantinople en Occident à la suite de la quatrième croisade : Exuviæ sacræ Constantinopolitanæ, fasciculus documentorum quarti belli sacri imperiique gallo-græci historiam illustrantium, Genève, 1877-78, 2 vol. in-8º.]