Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/374

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diverses sinuosités[1], le roi voulut qu’une double garde veillât nuit et jour et avec le plus grand soin à la défense de ce point, afin que nul ne pût pénétrer du dehors dans le camp, et que personne n’osât faire ouvrir les portes du château ou en sortir, sans être aussitôt ou frappé de mort, ou fait prisonnier…. »

Pendant tout l’hiver de 1203 à 1204, l’armée française resta dans ses lignes. Roger de Lascy, qui commandait dans le château pour Jean sans Terre, fut obligé, afin de ménager ses vivres, de chasser les habitants du petit Andely qui s’étaient mis sous sa protection derrière les remparts de la forteresse. Ces malheureux, repoussés à la fois par les assiégés et les assiégeants, moururent de faim et de misère dans les fossés, au nombre de douze cents.

Au mois de février 1204, Philippe Auguste qui sait que la garnison du château Gaillard conserve encore pour un an de vivres, « impatient en son cœur, » se décide à entreprendre un siège en règle. Il réunit la plus grande partie de ses forces sur le plateau dominant, marqué R sur notre figure (p. 343). De là il fait faire une chaussée pour aplanir le sol jusqu’au fossé en avant de la tour A (p. 347)[2]. « Voici donc que du sommet de la montagne jusqu’au fond de la vallée, et au bord des premiers fossés, la terre est enlevée à l’aide de petits boyaux et reçoit l’ordre de se défaire de ses aspérités rocailleuses, afin que l’on puisse descendre du haut jusqu’en bas. Aussitôt un chemin, suffisamment large et promptement tracé à force de coups de hache, se forme à l’aide de poutres posées les unes à côté des autres et soutenues des deux côtés par de nombreux poteaux en chêne plantés en terre pour faire une palissade. Le long de ce chemin les hommes marchent en sûreté, transportent des pierres, des branches, des troncs d’arbres, de lourdes mottes de terre garnies d’un gazon verdoyant, et les rassemblent en monceau pour travailler à combler le fossé….

« Bientôt s’élèvent sur divers points (résultat que nul n’eût osé

  1. C’est le sentier qui aboutit à la poterne S ; c’était en effet la seule entrée du château Gaillard.
  2. Cette chaussée est encore visible aujourd’hui.