Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/377

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enceinte. Les Français se précipitent sur les débris fumants de la brèche, et un certain Cadoc, chevalier, plante le premier sa bannière au sommet de la tour à demi renversée. Le petit escalier de cette tour, visible dans notre plan, date de la construction première ; il avait dû, à cause de sa position enclavée, rester debout. C’est probablement par là que Cadoc put atteindre le parapet resté debout.

Mais les Normands s’étaient retirés dans le château séparé de l’ouvrage avancé par un profond et large fossé. Il fallait entreprendre un nouveau siège, « Jean avait fait construire l’année précédente une certaine maison, contiguë à la muraille et placée du côté droit du château, en face du midi[1]. La partie inférieure de cette maison était destinée à un service qui veut toujours être fait dans le mystère du cabinet[2], et la partie supérieure, servant de chapelle, était consacrée à la célébration de la messe : là il n’y avait point de porte au dehors, mais en dedans (donnant sur la cour) il y en avait une par où l’on arrivait à l’étage supérieur et une autre qui conduisait à l’étage inférieur. Dans cette dernière partie de la maison était une fenêtre prenant jour sur la campagne et destinée à éclairer les latrines. » Un certain Bogis[3], ayant avisé cette fenêtre, se glissa le long du fond du fossé, accompagné de quelques braves compagnons, et s’aidant mutuellement, tous parvinrent à pénétrer par cette ouverture dans le

  1. C’est le bâtiment H tracé sur notre plan.
  2. C’étaient les latrines ; dans son histoire en prose, l’auteur s’exprime ainsi : Quod quittem religioni contrarium videbatur. Les latrines étaient donc placées sous la chapelle, et leur établissement, du côté de l’escarpement, n’avait pas été suffisamment garanti contre une escalade, comme on va le voir. Les latrines jouent un rôle important dans les attaques des châteaux par surprise.
  3. « Nous sommes bien tenté, dit M. H.-Fr. Delaborde (Œuvres de Rigord et de Guillaume le Breton, II, Paris, 1885, p. 205), d’identifier ce brave sergent avec un certain Raoul Bogis, à qui le roi de France donna, précisément vers cette époque, un fief de chevalier, propter servicium quod ipse nobis fecit. En ce cas, Bogis aurait été anobli pour sa vaillante conduite.

    Quant au nom ou plutôt au surnom de ce personnage, la Chronique nous apprend qu’il lui avait été donné par plaisanterie, a brevitate nasi. Bogis signifiait alors camus. »