Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/388

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tenait encore dans sa tour vivante, d’où partaient ses sorties furieuses.

La victoire enfin se décida, là où les Français avaient pris l’offensive, à l’aile droite.

Saint-Pol et Montmorency, quand ils ont exterminé l’extrême aile gauche impériale, se joignent contre Ferrand à Champagne et à Bourgogne. Ferrand ne s’était pas reposé, pas une minute ! Criblé de coups, blessé, assailli par trois adversaires, il se rend « hors de souffle, à force d’avoir combattu ». Tous les siens furent tués ou pris, hormis ceux qui honteusement s’enfuirent.

Ce fut alors, sur tout le champ de bataille, la débandade de l’ennemi.

Guillaume, le chapelain, voit se confondre dans la panique Ardennais, Saxons, Allemands, Flamands et Anglais. Au centre demeurent sept cents piétons de Brabant, ferme épave de cette infanterie qui avait pénétré jusqu’au roi Philippe, reste d’un massacre qui avait duré tout le jour. Chargés par Saint-Waléry, ils sont tués jusqu’au dernier.

Le soleil descendait vers l’Océan. Ses derniers rayons éclairèrent un spectacle superbe. De tous les ennemis de Philippe, un seul, « les flancs découverts par la déroute, » continuait à se battre : c’était Boulogne. Les Français, oubliant sa trahison, admiraient le héros désespéré « dont la bravoure innée attestait la naissance française ». Le bon chapelain décrit ce personnage « fantastique », qui se détachait sur ce fond de soleil couchant : Boulogne, dont l’épée avait été brisée, tenait un frêne dans sa main. Sur son heaume se dressaient deux noirs fanons de baleine.

Le roi envoie contre lui trois mille cavaliers qui le coupent de sa retraite vers la tour vivante. Celle-ci est bientôt détruite. L’escorte de Boulogne, assaillie de toutes parts, se disperse. Dans le champ immense, « bouillonnant de fuyards », le comte ne garde plus auprès de lui que cinq fidèles. Une idée folle lui passe par la tête. Il pique vers le roi, résolu à mourir en le tuant. Mais Pierre de La Tournelle se glisse sous son cheval, qu’il frappe d’un coup de poignard. Boulogne gît sur le dos, la cuisse droite sous son cheval mort. Plusieurs se précipitent