Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/397

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jamais, par les « marchands » et les banquiers du pape, chargés de recueillir, pour le compte de Rome, l’argent des centièmes et des dixièmes. Et les plaintes du clergé s’élevèrent, plus hautes d’année en année. Au mois d’août 1262, un synode de prélats français refusa d’accorder à Urbain IV le subside que son mandataire les priait de consentir : « l’Église des Gaules gémissait depuis trop longtemps sous des charges trop pesantes ; elle avait versé des sommes énormes pour la croisade, pour le Saint-Siège ; elle ne pensait pas que des sacrifices nouveaux fussent suffisamment motivés ». Urbain IV passa outre, et en même temps qu’il pressait la levée du centième pour la Terre Sainte, il imposa, l’année suivante, des décimes pour la croisade de Sicile, pour la croisade pontificale contre Manfred. « On payait alors, dit un chroniqueur limousin, la décime pour Charles d’Anjou et le centième pour la Terre Sainte. L’archevêque de Tyr était chargé de la levée du centième ; Simon, cardinal de Sainte-Cécile, était le collecteur général de la décime. Bien que ce cardinal fût français de naissance et eût été chancelier du roi de France, quand il était trésorier de l’église de Tours, il connaissait parfaitement les usages de Rome pour ronger et dévorer les bourses, bene didicerat morem Romanorum ad bursarum corrosionem. Je ne saurais dire toutes les exactions et les violences qui furent commises à l’occasion de cette décime et dans l’intérêt des collecteurs. » En 1265, c’est Clément IV qui demande de nouveau aux clercs de France des subsides, en invoquant les nécessités de l’Église et le péril de son champion en Italie, Charles d’Anjou. Les décimes d’Urbain IV n’avaient pas suffi, et, quoique le produit du centième pour la Terre Sainte eût été détourné de sa destination, appliqué aux frais des guerres ultramontaines, il fallait de l’argent encore. Cette fois l’assemblée de la province de Reims protesta par un manifeste, où, se disant accablée par les tributs précédemment imposés, elle parlait de sa « servitude », et rappelait que le schisme de l’Église grecque avait eu pour cause l’avarice et l’avidité des Romains : « plutôt que d’obtempérer aux ordres du pape, elle se déclarait prête à braver l’excommunication, car, elle en était persuadée, la rapacité de la Curie ne