Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/426

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villes aux autorités du comté pour les inspections de la garde nationale, pour les élections, et les obligeaient à se faire représenter en cour de comté lorsque les assises étaient tenues par les juges ambulants. — Il n’y a rien ici qui rappelle notre tiers état purement bourgeois, classe isolée, fermée sur elle-même, étrangère à la population rurale, dont elle ne fait que recueillir les fugitifs, à la fois haineuse et humble à l’égard de la noblesse provinciale qui l’entoure. Tout au contraire, les habitants de la plupart des villes anglaises se trouvaient unis et mêlés en mille occasions à toutes les autres classes d’habitants de leur comté ; une longue période de vie communale les avait préparés à s’entendre et à se confondre avec les chevaliers et les propriétaires libres leurs voisins.

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Tandis que la classe des chevaliers paraissait déchoir en perdant son caractère militaire et ses titres féodaux, et se mélangeait avec la classe immédiatement inférieure, les deux classes se relevaient ensemble. C’est la justice ambulante, organe de la royauté, qui a provoqué ce mouvement ascendant et cette rentrée en scène. C’est cet instrument apparent de centralisation qui a préparé la classe moyenne rurale à son futur rôle politique.

Déjà les premiers rois normands avaient remis en mouvement une vieille institution anglo-saxonne : la Cour de comté. Cette Cour où étaient tenus de se réunir les prélats, comtes, barons, propriétaires libres, et en outre le maire et quatre habitants de chaque village, avait cette physionomie démocratique que présentent beaucoup d’institutions du moyen âge. Les attributions étaient nombreuses et variées ; elle était à la fois cour de justice criminelle, cour de justice civile, cour d’enregistrement du transfert des domaines, lieu de publicité pour les ordonnances royales, bureau de recettes pour l’impôt. Ce système, très puissant en apparence et très concentré, ne tarda pas à montrer ses insuffisances. D’abord les grands barons, qui avaient des juridictions propres, étaient exemptés de paraître aux réunions ordi-