Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/474

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avait tant bu qu’il était ivre, il allait trouver un prêtre qui, fréquentant volontiers la taverne, s’y grisait souvent, et il se confessait à lui. « Mon ami, lui disait ce prêtre, avez-vous tout payé ? — Oui, répondait l’autre. — Bien ! répliquait le prêtre, mieux vaut boire le sien que celui d’autrui. » Il ne les voulait pas non plus trop sévères, et le déclare en ces termes : « Il faut blâmer certains prêtres qui sont d’une rigueur excessive. » L’évêque Guillaume disait d’eux : « Ils ne devraient pas être portiers du paradis, mais ils seraient très propres à garder la porte de l’enfer, car ils n’y laisseraient entrer personne. » Enfin il prescrivait absolument que tous les péchés confessés fussent oubliés : « J’ai, disait-il, entendu quelques-uns des plus grands pécheurs du monde ; eh bien ! si grand qu’ait été le pécheur qui m’ait prié de l’entendre, je l’ai toujours aimé cent fois plus après l’avoir confessé qu’avant. »


Il nous plaît de terminer par ce mot touchant. Si maître Robert s’est souvent exprimé sur le compte d’autrui avec plus de liberté que d’apparente bienveillance, on n’a de reproches à faire qu’à sa langue ; évidemment son cœur était excellent.

B. HAURÉAU, dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XXXI (1884), 2e partie.


V. — L’UNIVERSITÉ DE PARIS ET LE PROCÈS DE GUILLAUME DE SAINT-AMOUR, D’APRÈS RUTEBEUF.


Chaque fois que Rutebeuf dirige un trait de satire contre les clercs en général, il prend soin d’excepter les étudiants. Sa prédilection pour eux n’avait point d’ailleurs le caractère d’une tendresse aveugle, car il les gourmande, non sans vigueur, dans le Dit de l’Université de Paris. C’était à la suite d’une de ces