Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/528

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saint Louis, l’école de l’Ile-de-France avait une supériorité marquée ; on ne trouve pas une figure médiocre dans la statuaire de Notre-Dame de Paris, tandis qu’à Amiens, à Chartres, à Reims, au milieu d’œuvres hors ligne, on en rencontre de très faibles. La ville de Paris était dès lors la capitale de l’art, comme elle était la capitale politique.

Vers 1240, il se produisit dans la sculpture d’ornement, comme dans la statuaire, un véritable épanouissement. Les frises, les chapiteaux, les bandeaux, les rosaces, au lieu d’être composés suivant un principe monumental, ne sont plus que des formes architectoniques sur lesquelles le sculpteur semble appliquer des feuillages ou des fleurs. Jamais l’observation de la nature ne fut poussée plus loin. L’art ne peut aller au delà.

Et quelle admirable fécondité ! La puissance productive de l’art au XIIIe siècle tient du prodige. Après les guerres du XVe siècle, après les luttes religieuses, après les démolitions dues aux XVIIe et XVIIIe siècles, après les dévastations de la fin du dernier siècle, après l’abandon et l’incurie, après les bandes noires, il nous reste encore en France plus d’exemples de statuaire du moyen âge qu’il ne s’en trouve dans l’Italie, l’Allemagne, l’Angleterre et l’Espagne réunies.

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Le moyen âge a très fréquemment coloré la statuaire et l’ornementation sculptée. C’est encore un point de rapport entre ces arts et ceux de l’antiquité grecque. La statuaire du XIIe siècle était peinte d’une manière conventionnelle. On retrouve sur les figures de la porte de l’église abbatiale de Vézelay un ton blanc jaunâtre ; tous les détails, les traits du visage, les plis des vêtements, leurs bordures, sont redessinés de traits noirs très fins, afin d’accuser la forme. Derrière les figures, les fonds sont peints en brun rouge ou en jaune d’ocre, parfois avec un semis léger d’ornements blancs. Cette méthode ne pouvait manquer de produire un grand effet. Quant aux ornements, ils étaient toujours peints de tons clairs, blancs, jaunes, rouges, verts pâle, sur des fonds sombres. C’est vers 1146 que la coloration s’empare de la statuaire, que cette statuaire soit placée à l’extérieur ou à l’intérieur des monuments. Les statues du portail occidental de Chartres étaient peintes de tons clairs, mais variés, les bijoux rehaussés d’or. Quelquefois même des gaufrures de pâte de chaux étaient appliquées sur les vêtements ; ces gaufrures étaient peintes et dorées et figuraient des étoffes brochées et des passementeries. Les nus de la