laquelle on posait une feuille d’étain. Cet étain était ensuite teinté au moyen d’un vernis léger soit vert, soit rouge, très transparent, ce qui donnait à toute la pièce un grand éclat que venaient encore rehausser les dorures des plaques émaillées. Tous ces coffrets sont munis de couvercles plats, montés à charnières, fermés par des serrures en cuivre, d’un bon dessin, dans lesquelles viennent s’engager des moraillons ou simples ou doubles. Les dragons que nous avons déjà vus figurer sur les crosses se retrouvent ici ; ils servent à former soit les moraillons, soit les points d’attaches des charnières. Des cabochons de cristal, teintés diversement au moyen de paillons, des clous de cuivre disposés symétriquement sur le fond, complètent cette décoration d’un goût excellent….
Dès le milieu du XIIe siècle, les plaques des monuments de Geoffroy
Plantagenet et de l’évêque d’Angers Eulger nous le prouvent,
l’émaillerie avait été employée avec succès pour la décoration des
tombeaux. Les Limousins ne semblent du reste pas avoir eu, à l’origine,
le monopole de cette fabrication, car le tombeau de Henri, comte de
Champagne, élevé à Troyes, avait été fait par des orfèvres allemands ou
lorrains. Quoi qu’il en soit, dans le courant du XIIIe siècle, les
Limousins développèrent si bien cette branche de leur industrie qu’ils
exportèrent des tombeaux tout faits, exactement comme des châsses ; c’est
ce qui fait qu’il subsiste encore, à l’étranger, en Angleterre et en
Espagne, quelques-uns de ces monuments dont l’origine française n’est
pas douteuse. On a cité souvent à l’appui de cette opinion un texte du
compte des exécuteurs testamentaires de Gautier de Merton, évêque de
Rochester, mentionnant un paiement fait à Jean de Limoges pour le
tombeau de l’évêque, qu’il alla, avec un aide, mettre lui-même en place.
Le fait remonte à 1276. La tombe de Gautier de Merton a disparu, mais il
subsiste encore en Angleterre, à Westminster, dans le tombeau d’Aymar de
Valence, comte de Pembroke, un témoin irrécusable de l’importation
limousine. Un tombeau d’évêque, conservé dans la cathédrale de Burgos,
nous fournit la preuve du même fait pour l’Espagne.
Dans toutes ces effigies funéraires, la part du sculpteur est au