Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/99

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des pouvoirs ? La principale division administrative au temps des Mérovingiens est le comté : ils l’ont trouvée toute faite ; elle était très ancienne. Lorsque Rome avait organisé la Gaule, elle avait fait du territoire de chaque peuple gaulois une civitas, respectant ainsi un cadre géographique consacré par une longue tradition ; l’Église fit de la civitas le diocèse, et les Mérovingiens en firent le comté ; mais ils remirent au comte la délégation du pouvoir royal tout entier. Le comte fut un juge, un gardien de la paix générale, un percepteur qui devait compter chaque année avec le trésor, un chef militaire préposé à la levée et au commandement du contingent. On exigeait de lui beaucoup plus que d’un fonctionnaire romain, alors qu’il n’était pas, à coup sûr, aussi expérimenté. Ajoutez que l’administration devenait bien difficile, au moment même où les administrateurs devenaient plus incapables. Au régime de la loi unique avait succédé le régime des lois personnelles, et il fallait que ce juge jugeât suivant leurs lois le Romain, le Franc, le Burgonde, qui vivaient dans son comté. Ce percepteur eut fort à faire avec les Francs qui ne voulaient pas payer l’impôt, et avec les Romains qui surent s’y soustraire dès que les désordres commencèrent. Comme il n’y avait plus d’armée permanente, il fut très malaisé à ce chef militaire de réunir et de commander des troupes d’hommes à qui l’État ne donnait ni vivres, ni armes, ni solde. A tous les termes de ce parallèle entre l’ancien ordre des choses et le nouveau, on trouverait à faire les mêmes réflexions. Le roi mérovingien est le juge suprême, mais il ne faut pas trop se fier à la formule solennelle qui le montre siégeant entouré « de ses pères les évêques, de ses grands, de ses référendaires, de ses domestiques, de ses sénéchaux, de ses chambellans, de ses comtes du palais et de la foule de ses fidèles », car nombre de crimes énormes et publics ont été commis sans encourir une répression, et l’on voit souvent le roi procéder par exécutions sommaires. Quant aux appels, le nombre en était réduit par l’usage des épreuves judiciaires, desquelles il ne pouvait être appelé, puisque Dieu lui-même était réputé avoir prononcé ; d’ailleurs l’appel était rendu à peu près impossible par les désordres et les guerres civiles ; le roi mérovingien n’est donc pas un juge