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xcxix
remaniements en prose

luy respondirent : « Au mieulx que nous avons sceu fairé, sire, » font ils, « et tant saichiés que nous avons esté en Lombardie, en Piemont, en Savoie et jusques es marches de Bourgoigne et de France, et avons enquis de Charlemeine, qui tant est vieulx que plus ne peust, ne nul ne veult mais a luy obeïr, comme on nous a raporté en chemin ; sy avons tant enquis qu’on nous a envoiés a Nerbonne par devers Aymery, qui en fait d’armes et de noblesse pressede maintenant en terre chrestienne, comme filz et lieutenant de proesse et de chevallerie. Celui Aimery a tant a besongnier aux ennemis de nostre foy qu’il n’a jour, terme ne heure de repos, et non pour tant après l’exposicion du vostre caz, qui tant leur a esté pittable, que le plus dur cueur c’est asouply et baignié en larmes, c’est ung de ses fils avancé et a respondu vaillamment qu’il feroit le champ contre Corbault, lequel l’a veu, mais guieres n’en a tenu de compte, pour tant que il n’a encores que prime barbe ; si le vous avons avecques no u amené, et de lui pourrés savoir quant il vouldra la bataille commencer. »

Et quant le saint pere entendi le legat, qui lui presenta Guillaume, le filz Aymery, il fut plus joyeux qu’il ne souloit, et l’acolla et receut moult amoureusement. Puis luy demenda comment il avoit nom, et il lui respondi : « On me appelle Guillaume, sire, » fet il, « qui suy ça venu par grant affection, et desireux pour combatre au jaiant Corbault, qui en si grande subgection vous tient, comme je puis aparcevoir, si saichiés que je suy tout apresté quant il vous plaira, mais que voustre benediction me soit donnee, car j’ay avecques moy mon harnois aporté, mon escu, ma lance, m’espee, et sy suy de si bon vouloir garni qu’il me semble que je lui donray assés a besongnier au bon plaisir de cellui pour lequel nom soustenir j’ai maint mont et maint val monté ou dessendu. » Et quant le saint pere eust Guillaume entendu, il luy respondi lors : « Vous soiés le trés bien venu, beau fielx, » fet il, « et Dieux gart le pere qui tel enffant engendra, par qui saincte chrestienté pourra par avanture mieulx valoir a tousjours