Page:Langlois - Le couronnement de Louis.djvu/108

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ci
remaniements en prose

devers le chevallier pour la journee accepter et avoir aggreable a l’endemain ; et ainsi fut la journee prise d’une et d’aultre partie.

Icellui jour se passa au fort et vint le lendemain, qui moult estoit desiré par le roy Corbault, qui armer se fist par .iiii. rois sarrassins, lesquieulx firent moult riche tapis estendre par terre, pour les apoinctier a son devis. L’un des .iiii. rois luy vesty son haubert, le deuxieme luy ferma ses plates, le tiers luy laissa son heaulme, le quart lui atacha son escu ; et il saindi s’espee, puis lui fut son cheval amené, sur lequel il monta, puis demanda une lance ; et quant il fut en point prest et armé, lors appella ses hommes devant lui et leur dist haultement : « Vous avés tous esté de mon consseill, beaus seigneurs, » fet il, « et d’acort emssamble comme moy de traitier et composer avecques le pape chrestien ; par ainssy que j’ay promis de mon corps exposser en bataille contre (Ms. : comme) ung chevallier chrestien et de tenir foy et loyaulté sans faulcer, ay livrez .iiii. rois en ostaiges de par nous ; et ilz nous (fol. 154 v°) ont livrez des cardinaulx pour seureté de leur partie. Or est venu cellui chevallier ou champion, comme hier ce manderent, lequel je vois conbatre, ainssy que je l’ay convenancé, sy vous prie et requier que il n’y ait trahison, faulceté ne barat, car je perdroye mes hommes que j’ay bailliés et livrés, et si pourroit a nous tous par avanture mal venir ou mescheoir, et a bon droit, se nous avions nos dieux a essiant parjurez. » Sy lui convenancerent que le traitié tendroient ainssy qu’il estoit fait ; et lors se parti Corbault le grant et vint devant le chastel si bien armé et monté comme mieulx le sceurent ses amis apointier et armer. Et quant il fut la arrivé, il ficha sa lance en terre pour veoir qui a lui vendroit combatre, car jamais n’eust cuidié que homme eust eu le hardement de soy tourner contre luy en armes, a pié ne a cheval.

Grant fut le bruit par le chastel du Sarrassin, qui la estoit venu armé et monté ; mais a icelle heure n’estoit mye Guillaume endormy, ains estoit matin levé et armé,