Page:Langlois - Le couronnement de Louis.djvu/158

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dialecte et âge

(v. 2433), glaive (v. 333), altres (v. 332), espalle (v. 341) sont donnés à la fois par les deux familles x et C.

Les mots en ai prouvent que cette diphtongue ai dans les terminaisons féminines n’avait pas encore passé du son ái...e au son sui generis aí...e, qui a précédé le son é...e, mais le petit nombre de ces mots, 8 seulement sur plus de 300 rimes, nous montre que cette transformation était déjà en train de s’accomplir.

Dans aucune assonance en è masculin ou féminin n’apparaît cette diphtongue, tandis que le Roland, qui fait bien rimer ai avec a, ai...e avec a...e, admet en même temps l’homophonie des deux terminaisons ai et è masculines ou féminines. Notre chanson est donc en retard dans cette évolution sur celle de Roland. Est-ce une raison de croire qu’elle soit plus ancienne que cette dernière ? Non ; c’est là une différence dialectale seulement, mais une preuve néanmoins que le Coronement Looïs est ancien, du premier tiers du xiie siècle au moins, sinon du premier quart.

Les mots altres, espalle, falsent, nous montrent que la lettre l suivie d’une consonne n’était pas encore vocalisée à l’époque où vivait notre trouvère, ou tout au moins que si al avait déjà pu produire une diphtongue áu (áou), il n’était pas encore devenu au ══ ò.

Les diverses remarques que je viens de faire sur les assonances en ai et en a...e sont très importantes à plusieurs égards :

1° Pour l’établissement du texte, parce qu’elles nous montrent comme mauvaises deux leçons qui introduisaient le mot faite, une fois dans une laisse en é...e