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introduction

qu’on ne puisse retrouver leur parenté et par là remonter à leur origine commune.

« Si l’auteur de la chanson s’est inspiré de l’histoire, » observe M. L. Gautier, « il n’a pas toutefois respecté, comme l’a fait Thégan, la physionomie historique de Louis ; il n’a pas craint de le représenter sous les traits les plus méprisables[1]. »

Cette différence entre l’histoire et la légende est toute naturelle. J’en cite un exemple. Quand après de sages conseils donnés à son fils, le vieil empereur dit à celui-ci :

« S’ensi vuels faire ge te doins la corone,
 O se ce non, ne la baillier tu onques. »


Louis, dit le trouvère, est tout ébahi :

Ot le li enfes, ne mist avant le pié.

Il n’en est pas de même chez le chroniqueur : « Postquam haec verba et alia multa coram multitudine filio suo ostenderet, interrogavit eum si obediens voluisset esse praeceptis suis. At ille respondit libenter obedire et, cum Dei adjutorio, omnia praecepta quae mandaverat ei pater custodire... At ille jussionem patris implevit[2]. »

Thégan raconte les faits comme ils se sont passés, c’est tout naturel ; mais la légende, pour comprendre le rôle d’Arneïs d’Orléans et celui de Guillaume Fièrebrace, avait besoin de rapetisser la figure du roi ;

  1. Les Ép. fr. IV, 338.
  2. Thégan, loc. cit.