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introduction

en particulier dans l’Italie et la Gaule. Mais la renommée grandit en voyageant. Le récit, grossi par l’imagination populaire, offrait en arrivant chez les Francs un beau sujet de chanson, dans ce pays et à cette époque où les trouvères étaient si nombreux, où le peuple écoutait avec enthousiasme les chants de guerre.

Ce sujet a-t-il été mis en œuvre ? Le nom de Guaifier, roi en Italie, figure dans plusieurs chansons de geste[1], et ce Guaifier, je l’ai déjà fait remarquer[2], ne peut être que le prince de Salerne. Or dans la vie de ce prince un seul fait a pu acquérir à son nom cette célébrité, c’est celui que je viens de raconter, le siège de Salerne en 873. C’est de beaucoup la plus belle page de son histoire, car la plupart de ses autres guerres ont été des querelles injustes contre ses voisins ; les relations qu’il eut avec les Sarrasins après la délivrance de sa ville ne sont rien moins que glorieuses pour lui, puisque, après avoir été battu par les infidèles, il fit avec eux un traité d’alliance offensive et défensive, qu’il fut menacé des foudres du Saint-Siège, et qu’enfin, ayant été frappé d’une maladie, il crut à une vengeance du ciel et se fit moine en expiation de ses crimes. Il est donc certain que la renommée qui le fit vivre dans nos chansons comme un défenseur de la foi et un adversaire des Sarrasins est née du long siège qu’il soutint si glorieusement.

  1. Généralement sous le nom de Guaifier d’Espolice (pays de Spolète). Ce nom d’Espolice ne figure pas dans la 2e branche du Coronement, mais seulement au vers 2234, dans un passage ajouté par le romancier pour souder la 4e branche aux précédentes.
  2. Page xxxv.