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l’élément historique

ment de scène, le poème ne tient aucun compte des cinquante lieues qui séparent les deux villes. Le jour même où l’on apprend que les païens sont dans Capoue, le pape va trouver l’émir pour lui proposer la paix, rentre dans Rome, rend compte de son message à Guillaume, qui sort à son tour, tue le géant Corsolt, met les païens en fuite, et délivre les prisonniers chrétiens. Bref, dans la première partie du récit, Capoue et Rome sont assez distantes pour que dans celle-ci on ignore ce qui se passe autour de l’autre ; dans la seconde partie, au contraire, les deux villes sont à peu près confondues. Comment expliquer cette inconséquence ? Tout simplement par l’ignorance d’un remanieur, qui, en introduisant le pape dans le poème, a transporté devant Rome le lieu du combat, lequel originairement avait lieu sous les murs de Capoue.

Il y a d’autres divergences entre les deux récits. Dans la chronique, les Sarrasins sont vaincus en bataille rangée ; d’après la chanson, c’est dans un combat singulier. Mais c’est là une différence de détail, sans importance, qu’on pourrait même, à la rigueur, expliquer encore par l’histoire. En effet, le récit du siège est précisément agrémenté de plusieurs de ces combats particuliers ; le chroniqueur se plaît même à en raconter deux avec assez de détails[1].

  1. « Cumque in hac obsidionem prope terminarentur annus, et nullus suffragium Salernitani obtinerent, et saepissime cum Agarenis certamen inirent, factum est ut unum eminentissimum Agarenum, tres testiculis gerens, voci ingenti clamaret ac promeret : O ercescende filius Petre, veni, et iniamus singularem certamen ; et tunc conicere poteris Agarenorum virtutes ! Set dum