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introduction

par les rédactions successives du poème. En comparant la quatrième partie du Coronement Looïs aux allusions qui y sont faites dans le début du Charroi de Nimes on acquiert à peu près la certitude qu’elle est formée par la réunion de deux épisodes originairement distincts. Dans le premier, l’ennemi des Francs était Gui, dans le second, Otton. C’est de ce principe qu’il faut partir, semble-t-il, pour chercher à rattacher la légende à l’histoire.

On lit dans le Charroi de Nimes :

« Rois, quar te membre de l’alemant Guion ;
« Quant tu aloies a saint Pere au baron
« Chalanja toi, François et Borgueignon,
« Et la corone et la cit de Loon.
« Jostai a lui, quel virent maint baron :
« Par mi le cors li mis le confenon ;
« Gitai le el Toivre, sel mengierent poisson.
« De cele chose me tenisse a bricon,
« Quant ge en ving a mon hoste Guion
« Qui m’envoia par mer en .j. dromon[1]. »

Il est certain que le trouvère du Charroi de Nimes avait sous les yeux une rédaction du Coronement Looïs différente de la nôtre. Dans celle-ci, Louis et Guillaume passent en Italie à la tête d’une armée pour y combattre Gui ; dans l’autre il semble que Louis, allant pacifiquement en pélerinage à Rome, fût attaqué par Gui et que Guillaume, ayant tué l’insul-

  1. Vers 205-214 ; P. Meyer, Rec. d’Anc. Textes, II, 246. — À noter encore que le scribe du ms. A1, au lieu de Morz est Guaifiers, avait d’abord écrit Morz est rois Otes. (Vers 2234, variantes.)