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lxvi
introduction

« Monté estoient plus de .xv. millier ;
« Devant ton tref s’en vinrent por lancier,
« Tes laz derompre et ton tref trebuchier,
« Tes napes traire, espandre ton mengier ;
« Ton seneschal vi prendre et ton portier ;
« D’un tref en autre t’en fuioies a pié,
« En la grant presse com chetif liemier.
« A haute voiz forment escriiez :
« Bertran, G., ça venez, si m’aidiez ! »
« Lors oi de vos, dans rois, molt grant pitié.
« La joustai ge a .viim. enforciés,
« Et si conquis a vous de chevaliers
« Plus de .ccc., as auferranz destriers.
« Delez .i. marbre vi lor seignor bessié.
« Bien le connui au bon heaume vergié,
« A l’escharbocle qui luisoit el nasel (sic) :
« Tel li donai de mon tranchant espié
« Que l’abati sor le col del destrier ;
« Merci cria, por ce en oi pitié :
« Ber, ne m’oci, se tu G. ies ! »
« Menai le vos, onc n’i ot delaié ;
« Encore en as de Rome mestre fié[1]. »

Ces deux poèmes ont été fondus ensemble, et dans la rédaction actuelle on pourrait faire à chacun d’eux sa part. Au premier appartient le duel entre Guillaume et Gui, au second la surprise du camp des Francs par les Romains.

Cette comparaison entre le quatrième épisode du Coronement Looïs et les allusions du Charroi de Nimes est très curieuse : elle nous montre comment deux légendes distinctes peuvent se fondre en une seule, et nous avertit qu’il faut être très prudent

  1. Ibid. v. 215-253.