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introduction

desiroie estre mise a execucion. Sy vous convient reposer et refaire, puis vous en irez a vostre bon plaisir et emporterez de mon tresor tant comme emporter en pourez, et cependant vous querray compagnie qui s’en yra en France comme vous.

— De ce vous rend je graces, sire, » ce respondi Guillaume, « je sui pour vous aidier cy venu voirement, et voulentiers l’ay fait, car il en estoit necessité ; sy sui tenu par obligacion d’ainsy faire ailleurs, veu l’aage que Dieu m’a donné, que je considere, et vous mesmes le pouez considerer, car, quant je seray ataint de viellesse, lors ne pouray je faire ce que je puis et pouroie de present. Sy ne me doy doncques reposer ne dormir en oisiveté, comme le me aprent le sage en ung sien dittié, fait en deux vers rimez, la ou il dit :

Par souvenir, par soing, par diligence,
Est le jeune homme tost monté en chevance.

— Il m’est souvenu, sire, » fait il, « d’un cas mervilleux et extresme, lequel est, comme l’en m’a recité, survenu en France, dont je sui dolant, car on dit, et bien l’avez sceu, comme raison est, et que mieux et plus brief y pouez remedier que homme vivant, que Charlemaine, qui tant fut noble, riche, conquerant, puissant et doubté, est alé de cestui sciecle en l’autre, a delaissié ses enfans Louys et Lohier, legitimes et vrais successeurs de son empire, de son royaulme et de sa seignourie, et Louys, en especial, premier et ainsné, lequel, sauf tous drois, a esté refusé, debouté de la couronne et fugitif ; pour quoy, comme j’ay entendu, vous a envoyé ses messages pour requerir vostre aide, puisque point n’a de puissance ou de main forte. Je sui demouré en ce soing jour et nuit, escoutant se vous envoieriés par dela ou non, dont je me sui povrement apperceus. Pour quoy j’ay consideré qu’il est mon vray seigneur, qu’il est vray et naturel filz de Charlemaine, comme par sa mere Sebille de Grece vous a autrefois esté verifié, et vous mesmes passastes les mons, alastes en France et pacifiastes la dame avecq l’empereur, lequel