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AVERTISSEMENT DE LA PREMIÈRE ÉDITION.

I. La « Bibliographie » est la science des livres. Par opposition à la Bibliothéconomie, qui traite de la classification, de la description extrinsèque des livres, de l’organisation et de l’histoire des bibliothèques ; par opposition a la Bibliologie, qui traite de l’histoire du Livre, au point de vue de sa fabrication matérielle (imprimerie, reliure, librairie), la Bibliographie, au sens étroit de l’expression, est cette partie spéciale de la science des livres qui traite des répertoires, et qui fournit les moyens de se procurer aussi promptement et aussi complètement que possible des renseignements sur les sources. — Le nombre des livres, des articles de revue et de journal qui ont été publiés et qui se publient tous les jours est immense, accablant. Sans répertoires, comment s’y reconnaître ? Les répertoires sont eux-mêmes très nombreux, d’espèce et de valeur très différentes. Qui en ignore l’existence ou qui n’a pas appris à s’en servir est exposé à de graves dangers. Faute d’avoir été instruits de bonne heure à user judicieusement de ces instruments, la plupart des hommes se laissent aller à consulter, non les meilleurs livres, mais, au hasard, les livres qui leur tombent sous la main, les premiers livres venus. C’est faute de savoir les éléments de la Bibliographie que tant de gens se mêlent d’écrire sur des sujets déjà traités, et mieux traités déjà par d’autres que par eux ; c’est faute de connaissances bibliographiques que tant de professeurs, qui ne sont pas, comme on dit, au courant, ressassent de vieilles erreurs ; enfin, c’est faute de ces connaissances que des étudiants, même à la fin de leur scolarité, commettent quelquefois des méprises et font quelquefois des questions qui scandalisent jusqu’aux garçons de nos bibliothèques universitaires.

Enseigner la Bibliographie, c’est donc enseigner la manière de se servir des instruments bibliographiques qui existent. Cet enseignement a été longtemps réservé aux futurs bibliothécaires[1], mais à tort. Il convient aussi au public studieux, et particulièrement aux étudiants[2]. L’expérience prouve, en effet, que rien ne supplée, en

  1. V. Mortet, Des examens professionnels de bibliothécaire en France et à l’étranger, dans la Revue des Bibliothèques, 1895. Cf. G. Fiimagalli, Utilità, storia ed oggetto dell inscgnamento bibliografico. Bologna, 1891, in-8.
  2. W. Fr. Poole, The University Library and the University Curriculum.