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BIBLIOGRAPHIES UNIVERSELLES.

nomenclature avec le plus grand soin. Il s’en dégage cette intéressante constatation que plusieurs personnes (dont quelques-unes n’avaient pas la tête très saine) sont tombées à ce sujet, sans se connaître, dans les mêmes errements, en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, etc. Les imaginations des rêveurs d’ « Index » ou de « Catalogues » universels sont extrêmement monotones.

9. — Plusieurs hommes très laborieux ont non seulement conçu, mais entrepris, au xviie siècle et au xviiie siècle, l’Index universel.

Le plus connu est l’abbé Francesco Marucelli, érudit florentin, mort en 1703. On l’a loué récemment d’avoir, « un des premiers, reconnu la nécessité d’inventorier et de classifier les notions acquises à la science in ogni opera e in ogni libro, ricercando e vagliando la farina dei fatti, et d’avoir consacré sa vie à cette « noble entreprise (nobile assunto) ». Il a formé son Mare magnum (qui, avec des additions postérieures à 1703, se compose aujourd’hui de 111 volumes manuscrits conservés à la Bildioteca Marucelliana de Florence) en distribuant, sous 6 000 rubriques environ, des titres, des extraits et des références recueillis dans les livres qu’il avait lus. La liste de ces 6 000 rubriques a été imprimée de nos jours ; quant à l’ouvrage lui-même, il est resté inédit[1].

L’ouvrage est resté inédit parce que, chose singulière, Marucelli et ses héritiers ont craint une concurrence. En même temps que l’abbé florentin réunissait à Rome les éléments de sa vaste compilation, le P. Raffaello Savonarola, de Padoue, s’appliquait dans la maison professe des Théatins de Munich à un travail analogue : l’Index universel de toutes les œuvres imprimées jusqu’à l’année 1700 sur toutes les matières, dans toutes les langues (même orientales), et sous toutes les formes bibliographiques. L’Orbis litterarius uni-

  1. Le titre complet du Mare margnum devait être, d’après le prospectus publié à Rome en 1701 : « Mare magnum omnium materiarum, sive index universalis alphabeticus quorumeumque scriptorum cujusque idiomatis qui de quacumque arte, scientia, historia, vel re, aut integrum volumen, aut saltem capilulum conscripserunt, cum tali rerum distinctione ac divisione ut nihil exactius vel copiosius desiderari possit. Opus… in quo Clm auctores indicantur… materiis per alphabetum dispositis… » — La table des l’ubriques du Mare magnum a été publiée par G. Biagi dans la Collection des Indici e Cataloghi, t. IX (Roma, 1888 ; in-8).