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[Lect. VIII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.


23. La puissance avec laquelle vous avez, ô (dieux) dignes de cent sacrifices[1], protégé Coutsa, fils d’Ardjouna[2] Tourvîti[3] et Dabhîti[4], sauvé Dhwasanti[5] et Pourounchati[6], montrez-la encore, ô Aswins, et secourez-nous !

24. Ô Aswins, (dieux) secourables et généreux, rendez fécondes en résultats et notre parole et notre pensée. Je vous appelle à notre aide, quand le jour ne luit pas encore. Daignez augmenter notre bonheur, et nous accorder l’abondance !

25. Jour et nuit, ô Aswins, veillez sur nous, et comblez-nous de vos faveurs ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !




LECTURE HUITIÈME

HYMNE I.

À l’Aurore, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. La plus douce des lumières se lève ; elle vient de ses rayons colorer partout la nature. Fille du Jour[7], la Nuit a préparé le sein de l’Aurore, qui doit être le berceau du Soleil.

2. Belle de l’éclat de son nourrisson[8], la blanche Aurore s’avance ; la noire déesse a disposé son trône. Toutes deux alliées au Soleil, (l’une comme sa fille, l’autre comme sa mère), toutes deux immortelles, se suivant l’une l’autre, elles parcourent le ciel, l’une à l’autre s’effaçant tour à tour leurs couleurs.

3. Ce sont deux sœurs qui poursuivent sans fin la même route ; elles y apparaissent tour à tour, dirigées par le divin (Soleil). Sans se heurter jamais, sans s’arrêter, couvertes d’une douce rosée, la Nuit et l’Aurore sont unies de pensée et divisées de couleurs.

4. Ramenant la parole et la prière[9], l’Aurore répand ses teintes brillantes ; elle ouvre pour nous les portes (du jour). Elle illumine le monde, et nous découvre les richesses (de la nature) ; elle visite tous les êtres.

5. Le monde était courbé par le sommeil ; tu annonces que le temps est venu de marcher, de jouir de la vie, de songer aux sacrifices, d’augmenter sa fortune. L’obscurité régnait. L’Aurore éclaire au loin l’horizon, et visite tous les êtres.

6. Richesse, abondance, honneur, sacrifices, voilà des biens vers lesquels tout ce qui respire va marcher à la lumière de tes rayons ; l’Aurore va visiter tous les êtres.

7. Fille du ciel, tu apparais, jeune, couverte d’un voile brillant, reine de tous les trésors terrestres ; Aurore, brille aujourd’hui fortunée pour nous.

8. Suivant les pas des Aurores passées, tu es l’aînée des Aurores futures, des Aurores éternelles. Viens ranimer tout ce qui est vivant, Aurore ! viens vivifier ce qui est mort !

9. Aurore, c’est toi qui allumes le feu du sacrifice, toi qui révèles (au monde) la lumière du soleil, toi qui éveilles les hommes pour l’œuvre sainte. Telle est la noble fonction que tu exerces parmi les dieux.

10. Depuis combien de temps l’Aurore vient-elle nous visiter ? Celle qui arrive aujourd’hui imite les anciennes qui nous ont lui déjà, comme elle sera imitée de celles qui nous luiront encore ; elle vient, à la suite des autres, briller pour notre bonheur.

11. Ils sont morts, les humains qui voyaient l’éclat de l’antique Aurore ; nous aurons leur sort, nous qui voyons celle d’aujourd’hui ; ils mourront aussi, ceux qui verront les Aurores futures.

12. Toi qui repousses nos ennemis, qui favorises les sacrifices, née au moment même du sacrifice[10]; loi qui inspires l’hymne et encourages la prière ; toi qui amènes les heureux augures et les rites agréables aux dieux, bonne Aurore, sois-nous aujourd’hui favorable.

13. Dans les temps passés l’Aurore a brillé avec éclat ; de même aujourd’hui elle éclaire richement le monde ; de même dans l’avenir elle resplendira. Elle ne connaît pas la vieillesse, elle est immortelle ; elle s’avance, ornée sans cesse de nouvelles beautés.

14. De ses clartés elle remplit les régions célestes ; déesse lumineuse, elle repousse la noire déesse. Sur son char magnifique traîné par des coursiers rougeâtres, l’Aurore vient, éveillant (la nature).

  1. Le poëte donne à ces dieux l’épithète de Satacratou, affectée ordinairement à Indra.
  2. Voy., pour le nom de Coutsa, p. 62, c. 2, note 2 ; page 106, col. 1, note 3, et page 109, col. 2, note 12. Le commentateur dit que le mot Ardjouna est un nom d’Indra.
  3. Voy. p. 65, c. 1, note 2.
  4. Nom de Richi.
  5. Nom de Richi.
  6. Nom de Richi.
  7. La nuit, qui vient après le Jour, en est considérée comme la fille. Le jour, c’est le soleil, Savitri.
  8. L’aurore, précédant le soleil, est regardée ici comme sa mère ou sa nourrice.
  9. Le silence de la nuit cesse avec l’aurore, et la prière du sacrifice commence.
  10. On pourrait dire, la fille du sacrifice.