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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.

ges, maîtres de l’opulence et gardiens des nations.

2. Qu’ils viennent vos coursiers purs et divins, nourriciers (des hommes), légers, élancés, rapides comme le vent, prompts comme la pensée. Remplis d’éclat, qu’ils vous amènent ici, ô Aswins !

3. (Dieux) superbes et doués d’un cœur généreux, qu’il arrive pour notre bonheur, votre char aussi large que la terre, (ce char) au vaste siége, rapide, empressé, adorable !

4. Vous avez deux fils, nés à deux époques différentes, et qui, avec des vertus particulières, ont des corps purs et irréprochables. L’un, du haut du ciel, où il règne en vainqueur, est l’auteur de tout don précieux ; l’autre y déploie sa douce et agréable forme[1].

5. Que nos hymnes comblent nos vœux ; que votre char azuré vienne vers nos demeures ! Ô brillants Aswins, que le mouvement de l’un (de vos fils), encouragé par nos offrandes et nos chants, développe les splendeurs des mondes (intermédiaires) !

6. Votre char, chargé de douces libations, va répandant avec largesse une heureuse abondance. Que la marche de l’autre (de vos fils) fasse grossir l’onde des rivières ; que nos offrandes donnent l’essor à ces sources célestes !

7. Sages et constants Aswins, que trois fois l’hymne vienne confirmer votre gloire ! Pour prix de ses louanges, soutenez celui qui vous prie, dans la bonne comme dans la mauvaise voie. Écoutez mon invocation.

8. L’éloge que nous faisons de votre forme brillante sur ce gazon trois fois amassé, contribue au bonheur de vos serviteurs. (Dieux) remplis de bonté, que votre libéralité, qui ne demande qu’à verser ses faveurs sur les enfants de Manou, soit pour nous telle qu’une vache au lait abondant !

9. (Le père de famille), l’holocauste à la main, semble vous orner de ses dons, et vous célèbre, comme le matin la Prière (célèbre) Agni. Je vous chante et vous invoque, en prodiguant les offrandes. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE XVII.

Aux Aswins, par Agastya.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. C’est bien ! redoublez de zèle et de soin. Voici le char tout rempli de richesses !… Hommes sages, livrez-vous à la joie. (Dieux) qui vous plaisez à nos prières, purs et vénérables, enfants du ciel, qui avez été le trésor de Vispalâ[2], venez au secours de (l’homme) pieux.

2. Aussi grands qu’Indra, aussi prompts que les Marouts, magnifiques auxiliaires, impétueux écuyers, habiles à presser les coursiers, vous menez un char rempli de biens délicieux. Venez avec lui, ô Aswins, près de votre serviteur.

3. Que faites-vous, (dieux) secourables ? Que pouvez-vous attendre ? Je vois la fortune de celui qui s’abstient de l’holocauste. Enlevez à cet avare sa puissance et sa vie : faites la gloire du sage qui célèbre vos louanges.

4. Détruisez ces chiens qui aboient ; tuez nos ennemis. Aswins, voilà vos exploits ! Rendez les chants de votre poëte féconds pour nous en biens. (Dieux) véridiques, ayez égard à mes hymnes.

5. C’est vous qui, au milieu des mers, avez fait un jour en faveur du fils de Tougra[3] un vaisseau animé, ailé, sur lequel, (dieux) à la marche fortunée, vous l’avez, écoutant sa prière, élevé dans l’air et tiré des vastes ondes.

6. Le fils de Tougra était tombé dans les eaux, englouti au sein d’une immense obscurité. Quatre vaisseaux dépêchés par les Aswins, et descendant au fond des mers, ont ramené (le malheureux) sur le rivage.

7. Au sein de la mer s’éleva un arbre qu’embrassa le fils de Tougra suppliant. Tel que la feuille qui s’envole de dessous les pas précipités du lion, tel vous l’avez, ô Aswins, soulevé pour votre gloire.

8. Dieux véridiques, qu’il arrive jusqu’à vous, cet hymne que chantent en votre honneur (des serviteurs dévoués). En récompense des sacrifices et des libations que nous vous offrons aujourd’hui, que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE XVIII.

Aux Aswins, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Généreux (Aswins), (touchés de) nos prières, attelez ce char rapide qui a trois siéges et trois

  1. Le soleil et la lune. Dans les deux distiques qui suivent, il est question d’abord du soleil, qui éclaire le monde ; ensuite de la lune, qui semble avoir une influence sur l’élément humide.
  2. Voy. page 109, col. 2, note 14.
  3. Voy. page 158, col. 2, note 1.