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[Lect. V.]
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RIG-VÉDA. — SECTION TROISIÈME.

toutes les prières, tu remplis tous les vœux du sage.

2. Le fort et prudent Agni, la joie de nos cérémonies, s’est assis au milieu du peuple en qualité de sacrificateur. Il a, tel que Savitri, élevé sa brillante bannière, et, comme une large colonne, il étend sa fumée sous le ciel.

3. Que la (cuiller) remplie du beurre (consacré) se lève rapidement pour distribuer ses dons ; qu’elle se dirige vers la droite pour accomplir son œuvre sainte. Que le bois du bûcher monte comme la plante nouvelle, et que, bien disposé, il semble venir au-devant de la rosée des libations.

4. Cependant le gazon (sacré) est étendu, le feu est allumé, le prêtre est debout remplissant son office. Agni, le brillant sacrificateur, porte de tout côté ses pas comme le pasteur du troupeau, et remplit sa triple tâche[1].

5. Agni, l’aimable et juste sacrificateur, le (dieu) aux douces paroles, s’avance doucement de toute part. Ses rayons ressemblent à des coursiers rapides. Tous les mondes tremblent devant ses splendeurs.

6. Ô Agni, (dieu) terrible et beau, quand tu déploies tes flammes, ta vue est fortunée. Les ténèbres ne sauraient couvrir ton éclat, et les impies (Rakchasas) ne peuvent blesser ton corps.

7. Agni est le père (de tous les êtres) ; rien ne peut arrêter ses bienfaits. Il crée sans obstacle le Ciel et la Terre. Tel qu’un ami heureusement disposé, (ce dieu) purificateur brille au milieu des enfants de Manou.

8. Dix sœurs[2] s’entendent pour enfanter ensemble Agni, au milieu des humains ; comme de (tendres) mères, (elles ont produit ce dieu) qui se lève avec l’Aurore, dont la face resplendit, et dont la dent est aussi tranchante que la hache.

9. Ô Agni, voici tes coursiers rougeâtres ; ils sont arrosés du beurre (sacré) : leur marche est droite et rapide, leur pas léger, leur force mâle et généreuse. Ils se distinguent par leur empressement à venir au sacrifice offert en l’honneur des dieux.

10. Tes rayons, ô Agni, brillants et vainqueurs, s’élancent avec rapidité, intelligents comme l’épervier, retentissants comme les Marouts.

11. L’œuvre sainte est achevée, (dieu) de lumière ; l’hymne a été chanté pour toi. Accorde tes faveurs à ton serviteur. Les enfants de Manou, pleins de respect et d’espérance, ont établi, pour sacrificateur, Agni, l’objet des louanges d’Ayou[3].


HYMNE III.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètres : Djagatî, Anouchtoubh et Trichtoubh.)

1. Les prêtres viennent déplacer ici, en premier lieu, (Agni) le sacrificateur, le pontife, (le dieu) adorable et resplendissant, dont les Bhrigous, fameux par leurs œuvres[4], ont sur le bûcher allumé des feux pour le bonheur des peuples.

2. Divin Agni, que tes flammes brûlent sans interruption. C’est pour cela que les mortels t’ont pris, et t’ont proposé au respect des nations.

3. En voyant (Agni) juste et prudent, pareil à un ciel environné d’étoiles, les enfants d’Ayou l’ont choisi pour être dans toutes les maisons le chef des sacrifices.

4. (Ils l’ont choisi) pour être le rapide messager du sacrificateur, le roi de tous les hommes, le héraut brillant pour les peuples.

5. Ils l’ont établi pour être le sacrificateur sage et perpétuel, le pontife aux sept rayons, aimable, éclatant et pur.

6. (Ils vont le chercher), cet (Agni) qui cache sa gloire au sein des (Ondes), mères éternelles, ou au sein des bois (de l’Aranî), qui se soumet à diverses naissances, qui siége dans le (foyer) mystérieux, (dieu) bienfaisant et avide de nos offrandes.

7. Quand les Dévas, au moment où le monde s’éveille, se livrent à leur joie (sainte) dans la demeure du sacrifice, non loin de cette mamelle qu’ils ont eux-mêmes emplie, que le grand et juste Agni, satisfait de nos holocaustes et de nos adorations, vienne prendre sa place à notre fête.

8. Qu’il remplisse, (dieu) prudent, son office de messager, placé entre le ciel et la terre, qu’il connaît également. Va donc, sage et brillant héraut ; grandis et monte jusqu’au ciel.

9. La trace de ton pas étincelant est noire. Ton front est radieux. Tes formes sont mobiles, sans

  1. Allusion aux trois foyers, ou bien aux trois Savanas.
  2. Ce sont les dix doigts qui travaillent à extraire Agni de l’Aranî.
  3. Nom de l’homme.
  4. Le mot Apnavânah est considéré par le commentaire comme le nom d’un Richi. Je l’ai regardé comme une épithète de la même nature que le mot Bhrigavâna, qui est dans la quatrième stance.